
 
        
         
		semble  sur là  route de  Suez,  lorsque je  découvris  
 les bois pétrifiés : nous  nous livrâmes à différentes  
 recherches, et nous passâmes une jourpée  
 agréable  ;  j’écoutais  ses  récits  avec  une  vive  
 Curiosité, et il voulut bien entendre avec le même  
 intérêt la  narration de mes voyages. 
 Je  ne pus.à cette époque voir Mohammed-AIy  
 pacha ; il  était à  Alexandrie : mais je  visitai  son  
 neveu, Mohammed  bey,  ancien gouverneur .de  
 la  Haute-Egypte,  destiné  à  commander  une  
 expédition  pour  le Kourdfâï *  et le Dârfour. Sa  
 trop  grande  rigueur  envers  ses  mamlouks  et  
 son  caractère  intraitable  le  rendirent  souvent  
 odieux etdui occasionnèrent des  pertes  considérables.. 
  Sa  garde  était  composée  de  mamlouks  
 qu’il avait achetés  : huit  de ees  hommes  prirent  
 la  fuite,  en  lui  emportant  la  valeur  d’environ  
 un  million  de  piastres  du  pays,  en  armes,  
 or,  diamans  et  bijoux;  ils  se  dirigèrent  par  le  
 Désert  arabique,  pour  tenter  de  passer  en  
 Syrie.  L’un  d’eux,  le  lendemain,  éprouva  des  
 rémords ;  il  revint  sur  ses  pas :  mais à  son  arrivée  
 |i l   fût tué  à  coups  de  sabre,  ainsi  qu’un  
 châouch  qui avait  favorisé  la  fuite  des voleurs.  
 Ceux-ci  ne  purent  jouir  de  leur  rapine;  car, 
 -  Ou le  Kordofàn. 
 à la  hauteur  de  Belbeys,  ils  furent  rencontrés  
 par  cent  Arabes  du  désert,  qui  les  reconnurent, 
   en  les  voyant  montés  sur  de  beaux  
 chevaux  richement  équipés,  et eux-memes couverts  
 d’armes magnifiques. Attaqués  par lés Bédouins, 
  les mamlouks  se  défendirent  avec to u t  
 l’acharnement qu’inspire le désespoir;  ils tuèrent  
 dix Arabes :  mais  ils  durent  succomber  sous  le  
 nombre;  un seul,  qui  avait  reçu  six  coups  de  
 sabre, respirait encore ; dépouillé par les Arabes,  
 qui  ne lui  laissèrent rien  sur le  corps, confondu  
 parrarles cadavres, regrettant de n’avoir pas péri  
 avec ses compagnons, ilrestalong-tempsprivéde  
 tout  secours-et d’alimens, enproie  à une cruelle  
 agonie. Au  bout  de trois jours,  les troupes  que  
 Mohammed bey avait envoy ées à la poursuite des  
 voleurs  arrivèrent  sur  le  champ  de  bataille ;  
 ce  malheureux  fut  découvert  parmi  les  morts  
 et  reçut  des secours.  Les gens  du  bey  prolongèrent  
 inutilement  leur  séjour  dans  le  désert,  
 dans  f  espoir  de  trouver  les  Arabes ;  toutes  
 leurs  recherches  furent  vaines  :  de , retour  au  
 Caire,  le  coupable  fut,  amené  devant  Mohammed, 
   qui  le  crut  assèz  puni  par  les  souffrances  
 qu’il  avait endurées et celles  qu’il éprouvait  
 encore.