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 persévérance ;  mais un  grand  nombre  d’Arabes  
 y  périrent,  et  quarante  barques  furent brisées.  
 Un ministre du  pacha  dirigeait  cette  opération.  
 Le  laghum-dgi-bachi  (  chef  des  mineurs)  ,  
 Mohammed  aghâ,  qui  alors exploitait  les  carrières  
 d’émeraudes auprès de  la Mer-Rouge, fut  
 appelé pour  faire jouer des mines dans quelques  
 rochers de cette cataracte, et l’on vint à bout d’y  
 pratiquer un passage du côté oriental  du fleuve ;  
 ce fut  le  chemin que  suivirent  les  barques.  Le  
 désert  que  nous  traversâmes  est  peu  élevé  : le  
 sol  est  toujours  de  grès.  Quelques  hauteurs  
 masquaient  notre  vue  du  côté  de  l’ouest;  sur  
 i’autre  rive,  les montagnes  sont  également  peu  
 élevées,  à  un  demi-quart  de  lieue  du  fleuve  :  
 la  vallée  est  couverte  de  sable ;  la  cataracte  
 tourne dans le sud-ouest :  les bords  du  Nil  sont  
 hérissés de  rochers très-bruns ( formés dérochés  
 amphiboïiques et feld-spathiques),  qui  s’élèvent  
 hors des  sabies ,  et  sont  recouverts par  les grès.  
 A  droite de notre route,  je  vis  une petite ruine  
 copte  construite  en  briques  crues,  où  l’on  
 remarque  encore  quelques  restes de peintures :  
 les Apôtres  sont  représentés  sur  les  murailles. 
 * Voyez  planche XXXII,  vol.  II. 
 Nous passâmes le rocher  et une petite  île  nommée  
 Absyr; puis,  un  peu  plus  au  s u d ,  i’îie  de  
 Teyt  :  ces  îles  sont en partie  couvertes  de  dattiers. 
  A une demi-lieue  pius  au  su d ,  est  l’île de  
 Dahabet,  rocher élevé  où  se trouvent quelques  
 débris de murailles en terre, ouvrage des Coptes.  
 Ici  la  cataracte  se  resserre,  et  faspect  devient  
 pittoresque. A Mirqis,  se trouve  la partie  de  la  
 cataracte  la  plus  obstruee par  les  rochers.  Sur  
 un  de  ceux  qui  sont  les  plus  saillans,  se  trouvaient  
 des  restes  considérables  de  grosses  murailles  
 en te rre ,  formant  des  enceintes;  ce  sont  
 probabiement  les  débris  d’une  forteresse  :  on  
 trouve aussi enfonces dans les sables des restes de  
 maisons,  qui  dénotent assez l’emplacement  d’un  
 ancien  village.  Comme  la  position  de  cet  endroit  
 est  élevée,  la  vue  s’étend  à  une  grande  
 distance ;  mais  on  ne  remarque point  de  chutes  
 deau  considérables ,  ni  ce  fracas  impétueux  
 qu’occasionne  ordinairement  le  brisement  des  
 vagues  contre  les  écueils. 
 Au-delà  de Mirqis,  le Nil  paraît  navigable ;  
 on  trouve  peu  de  rochers  sur  se?  rives  :  sur  
 sa plage  orientale,  sont  des  ruines de  constructions  
 coptes.  Quelques  dattiers  clairsemés  prospèrent  
 en  ce  lieu :  le  pacha  venait  d’y  élever