de grands magasins de réserve pour f armée. A
midi, nous passâmes Deyr-SoIIeh , où sont les
ruines d’un couvent et d’habitations coptes :
quelques dattiers et des doums abandonnés
végètent tristement sur la rive. A notre droite
s’élevaient des masses de roches feld-spathiques
ou amphiboliques noires, traversées de filons
de feld-spath rose. Aussitôt que Ton a passé
Mirqis, on ne voit plus de grès; tout îe sol est
primitif : ce ne sont plus que des roches granitiques
, sillonnées par des filons de schiste
micacé, des granits avec feld-spath blanc, des
rochers feld-spathiques verdâtres. Après Mirqis ,
le Nil tourne dans le sud. Nous traversâmes une
longue île nommée Artinassi§ ce nom est
commun aux deux rives du fleuve. A trois
quarts de lieue de Solleh, le Nil paraît barré
encore par trois îles appelées Abdoum, rochers
élevés et couverts en partie de végétaux
; on y trouve divers arbustes, de jeunes
acacias et quelques palmiers. L a vue de ces îles,
hautes de quarante pieds au-dessus du niveau
du fleuve, est très - pittoresque ; on y voit
quelques ruines en te rre , ouvrage des Coptes.
Sur l’île de l’e s t, il y a des cabanes en terre et
en paille , habitées par quelques misérables
Barbarins *. Notre route longeait toujours le
fleuve; nous y remarquions des dattiers, quelques
doums et fort peu de terre végétale. A
un quart de lieue des îles Abdoum, nous pas-
sâmes à Kassa, où se trouvent aussi des ruines
en te rre , dont la plus orientale est le reste
d’une église des Coptes, portant encore sur ses
murailles quelques fragmens de peintures.
L’autre ruine, plus considérable, a des murs de
quarante pieds de hauteur, et annonce un château
fortifié : deux familles,y habitent et y cultivent
quelques morceaux de' terre tout près du
fleuve, qui est ici très-resserré ; les deux rives
ont le nom de Mircheh. Depuis Arguy, nous
n’avions encore aperçu aucune figure humaine,
tant ïe pays est misérable. Après six heures de
marche, nous campâmes, à deux heures de
l’après - midi, à Karaqen, où il y a quelques
dattiers et un peu de coton : les granits se
montrent toujours sur les deux rives du fleuve :
On est étonné de rencontrer autant de constructions
ayant appartenu aux chrétiens ; elles sont
répandues sur la plupart des îles de cette cataracte,
toujours situées sur des rochers élevés,
* On écrit ici Barbarins pour Barâbrah, indifféremment.