mon premier voyage, il s’étaient opposés à ce
que je visitasse le temple, e t, s’y étant renfermés
au moyen d’une mauvaise porte, ils
avaient voulu nous mettre à contribution, jurant
avec arrogance que nous n’entrerions qu’après
avoir payé. Comme ils avaient rançonné des
voyageurs qui nous avaient précédés, ils crurent
pouvoir en user de même avec nous ; mais
notre condescendance aurait pu tourner au
désavantage des personnes passant après nous
par cet endroit , et nous ne voulûmes paà
reconnaître comme un droit un acte de brigandage
: notre mamlouk tira un coup de pistolet
dans le temple ; il n’en fallut pas davantage
pour effrayer ces misérables , qui se sauvèrent
par-dessus les murailles.
Ayant appris qu’Ismâyl pacha commençait
à pénétrer au-delà de Dongolah, je Crus ne devoir
pas m’arrèter aux monumens de la Nubie
déjà connus par plusieurs ouvrages : on sait que
ces monumens ont été dessinés par M. Gau et
par M. Huyot , architectes distingués ; ils l’ont
été également par M. Linan pour M. Banks,
savant voyageur anglais, de qui l’on attend les
recherches les plus précieuses sur FEgypte et
sur la Nubie.
Nous suivîmes notre route entre un petit espace
de terre cultivée et le désert : le granit, dominé
par des grès, se montrait encore sur divers points ;
les terres étaient ensemencées de dourah et de
dokn ou millet dont on fait du pain. Les récoltes
étaient bien inférieures à celles que nous avions
remarquées au-dessous d’Asouân : nous Vîmes
peu de dattiers; quelques mauvaises masures en
terre , éparses çà et là , nous donnaient une
juste idée de la misère des Barâbrah.
A trois quarts de lieue de Debout, à l’est de
notre route, j’observai de grands débris d’habitations
en terre , sur un rocher de granit au
bord du fleuve : c’étaient sans doute celles des
Coptes. Une lieue plus loin, nons vîmesMarkos,
petite île sur la partie ouest du Nil. Vers le soir,
nous marchions sur un sol entièrement de grès.
Nous, campâmes, après avoir voyagé pendant
plus , de sept heures ; l’endroit où nous nous
arrêtâmes se nomme Dehmyr *, ainsi que la
partie au côté opposé du fleuve ; on y trouve
quelques maisons habitées. Nous partîmes le
2 .7 , en suivant le Nil : après avoir fait une
lieue , nous vîmes un hameau nommé Ouâdy-
* En Nubie, le même nom est souvent donne' aux villages situés
sur les deux rives, et placés en face l ’un de l’autre.