communes à tous ces Arabes. Ils se plaignaient
amèrement des nouveaux impôts levés par le
pacha sur leurs bestiaux : pour un,buffle, ils
payaient alors 20 piastres du pays par air; ceux
de la Basse-Egypte en payaient 2 5 ; pour
chaque mouton et chèvre, une piastre ; quatre
livres de beurre par vache : les dattiers devaient
fournir des fiïamens pour faire des cordes ; on
leur payait ces cordes, mais à un prix qui ne
couvrait pas les frais de la main-d’oeuvre. Le
pacha venait de comprendre dans le monopole
toutes les nattes, jusqu’à ces tissus de. paille
grossiers sur lesquels dorment les Arabes. Aujourd’hui,
presque tout ce qui se fabrique en
Egypte est vendu par le pacha, dont l’exigence
toujours croissante accable les habitans. Leur
soumission, et la patience avec laquelle ils supportent
les plus grandes vexations, prouvent
assez le bon caractère de ces Arabes. Le 10, à
la pointe du jo u r, nous poursuivîmes notre
route : nous nous arrêtâmes près de Gebeï-Teyr,
où nous passâmes la nuit; le 11, de bonne
heure , nous étions à Esné.
J ’allai voir Aly kâchef, qui commandait la province;
il me donna des lettres pour les chefs
àrabes de'Darâou, et une pour le kâchef du
lieu, afin qu’il me procurât un guide. Le 12 , ma
barque arriva : comme j’avais besoin de renouveler
mes provisions en biscuit et autres vivres,
je restai dans cet endroit jusqu’au 14. Le 15,
le calme me permit encore de séjourner quelques
heures sur les ruines d’Elethyia, où j’achetai
des Arabes plusieurs vases d’albâtre , troüvés
dans les hypogées, de cette ancienne cité. Le
même jour, je m’arrêtai sur l’autre rive, à
Apollinopolis Magna, aujourd’hui le village
d’Edfoû, où j’acquis encore beaucoup d’objets
d’antiquités, comme scarabées, amulettes, &c.
Le 17, nous fumes retenus tout le jour par un
fort vent contraire, iu r les ruines de Siïsilis;
je m’occupai à copier plusieurs courtes inscriptions
grecques que je trouvai dans un petit
sanctuaire et sur les murs des carrières creusées
dans ce lieu. Le soir / le vent était à Test; le
temps annonçait un prochain orage ; mais j’étais
si pressé d’arriver, que je n’en résolus pas moins
de partir. A peine avions-nous mis à la voile
que le çiel se couvrit d’épais nuages qui nous
dérobaient la clarté de la lune ; le vent soufflait
impétueusement ; l’orage éclata : les éclairs
sillonnaient à chaque instant la nue ; le tonnerre
grondoit ; nous étions en danger de voir