À l’aide de plusieurs Arabes de Gournah,
que j’occupai à faire des fouilles, j’ouvris diverses
tombes , et j’y trouvai des morceaux
très-intéressans. Parmi ces objets, j’en citerai
plusieurs qui attestent les progrès des arts chez
les anciens et nous font connaître leurs usages ;
on me pardonnera, pour ce motif, cette longue
énumération : par exemple , un tabouret dont
le dessus en jonc est tressé avec soin ; des fragmens
de chaises et d’autres meubles en forme
de pieds de lion, et d’un style élégant, tels que
nous les offrent diverses peintures des tombeaux
des rois à Thèbes ; de petits paniers en feuilles
de palmier, tissus avec beaucoup d’art, qui nous
montrent dans sa perfection l’art de la vannerie.
Les artistes en cheveux et en objets de
toilette nous ont aussi laissé des échantillons de
leur talent : ce ne fut pas sans étonnément que
je trouvai dans uhe boîte, trois perruques en
cheveux tissus sur du filet , différant peu de celles
que l’on fait aujourd’hui ; des corbeilles contenant
des tresses de cheveux précieusement conservées
sous le sceau d’un cachet; de longues
nattes et d’autres cheveux roulés, cordelés de
diverses manières ; des mèches de cheveux postiches
en forme de tour; des peignes, dontplusieurs
sont semblables aux nôtres; des pots de
toilette en albâtre, contenant le noir dont les
femmes égyptiennes se peignaient et se peignent
encore aujourd’hui les cils ; d’autres, le Iienneh
rouge, poudre qu’elles employaient à colorer leurs
ongles ( c’est un usage que les femmes d’orient
ont conservé«) ; des miroirs en bronze poli, à
main, comme ceux des dames romaines; des
bracelets en bronze et quelquefois en fer des
pendans d’oreille en or f des cordons pour le
cou, auxquels sont attachées de petites figures
en bois et des billets en papyrus, portés peut-
être comme talismans ; d’autres colliers eh cornalines,
à pendeloques, dont les pierres, sans être
travaillées au to u r , sont arrondies et coupées en
forme de balustres et d’un travail difficile ; des
tissus en coton et en lin , ayant plus de quatre
pieds de largeur, dont l’extrême finesse et la régularité
noüs prouvent que l’art detisser les étoffes
était dès-lors parvenu à une très-grande perfection
(011 peut en juger par dès tissus semblables
qui ont 1 aspect de la soie) ; des chemises ou
tuniques sans manches, souvent reprises avec une
délicatesse étonnante ; des écharpes dont les
extrémités sont effilées en frange, comme nous
les portons encore. La fabrication des souliers