VOYAGE À MÉROÉ,
fabriquent aussi des tissus grossiers en laine.
On ne compte que soixante-quinze'hommes.
Les femmes ne restent pas non plus oisives :
elies travaillent beaucoup dans ieur ménage, et
font des vases grossiers en terre cuite pour les
besoins usuels : ce sont elles aussi qui expriment
1 huile au moyen d’un assez pénible procédé,
car elles n ont pas de moulins ; elles pratiquent
pour cela des trous dans le rocher calcaire, et
s en servent en guise de mortier ; assises, à
terre , elles y broient les olives à l’aide d’un
pilon, et en extraient une huile assez bonne,
mais bien inférieure à nos huiles de France ;
on la conserve dans des outres.
Au Farafreh, de même qu’à la petite oasis,
il tombe quelques légères pluies dans les mois
de janvier et de février ; il y règne aussi les
mêmes fièvres; quelquefois la peste y pénètre
en même temps que dans la Haute-Égypte,
mais cela n’arrive guère qu’une fois en vingt ans.
Le 19, ayant terminé mes opérations, je fis
faire les préparatifs du départ; et le lendemain,
à six heures trois quarts, nous fîmes
route vers l’oasis du Dakhei. Nous traversâmes
d abord des plaines en partie couvertes de
sable ; le sol est de pierre calcaire mêlé de beaucoup
de chaux carbonatée ou spath d’Islande.
Après sept heures de marche, nous arrivâmes
à uné source ou puits que l’on a soin de tenir
couvert pour le garantir du sable ; deux palmiers
s’élèvent auprès : on l’appelle hyr dakar. Nous
y remplîmes nos outres, et nous continuâmes à
travers de vastes plaines qui se prolongent à perte
de vue. Après neuf heures et demie de marche,
nous campâmes dans un endroit que 1 on nomme
A ’mrah el-A’yn. Le désert, toujours uniforme,
uniquement composé de plaines immenses , n’of-
fraitrien qui bornât nos regards. Chaque soir, en
arrivant, nos Arabes préparaient notre souper,
composé seulement de pilau;le matin, pour
ne point perdre de temps, nous déjeûnions en
route avec des dattes; parfois il nous arrivait
d’emporter une chèvre, mais non du bois pour
la faire rôtir bien les Arabes, pour ne pas
trop charger leurs chameaux , en prenaient fort
p e u , dans l’espoir de trouver au désert quelques
broussailles ou même des fragmens de dattiers :
de manière que souvent notre provision de
viande nous devenait inutile. Il fallait bien
en passer par-là; autrement il eût fallu être sans
cesse en guerre avec les maîtres des chameaux.
Pour surcroît de peines, mes deux domestiques