et partagé fraternellement nos provisions. Ce
voyageur devait se rendre au Fayoum pour en
visiter les antiquités, de là au Kaire et ensuite en
Syrie.
II se fait dans la petite oasis un grand commerce
de dattes. La route la plus fréquentée est
celle qui conduit à Minyeh et à Meylaouy én trois
jours, en partant de Dachlout ou de Dalgeh ,
villages au bord du désert : les Arabes arrivent à
l’oasis ; ils y apportent du froment, des lentilles,
des fèves, des légumes secs, du beurre, des
moutons, des poules, des cannes à sucte, du
sucre, des toiles, des milâyeh, des tarbouchs, des
souliers, des verroteries, des rasoirs, du savon,
du poivre, et beaucoup d’autres articles servant
aussi pour l’usage des habitans du Fayôüm et
d’Alexandrie. Ils échangent ces marchandises
contre des dattes, du riz, des abricots secs,
principaux produits de l’oasis. Les gens de
Syouah viennent y acheter du riz et du froment
qu’ils échangent quelquefois contre du kous-
kous y sorte de pâte qui leur vient de Tripoli *.
On remarque ici un grand concours de caravanes.
Tous les Arabes du désert qui s’étend
d’Alexandrie jusqu’à la hauteur de Minyeh, font
On la fait avec de la farine de froment ou de millet.
CHAPITRE XI.
continuellentent ce voyage; les Arabes Oualad-
Aly , partant d’Alexandrie, arrivent en neuf
jours de marche. On peut évaluer à trois à quatre
mille le nombre de chameaux qui viennent régulièrement
toutes les années. Les piastres d Espagne
sont la monnaie la plus recherchée ; les
piastres d’Egypte (de 40 paras) y ont cours aussi.
Les habitans ne prennent que très-difficilement
les pièces d’or; le motif de leur répugnance est
incompréhensible : il me restait un doublon d Espagne
; jamais il ne me fut possible de trouver a le
changer; tous me dirent qu’ils ne me donneraient
pas même la valeur d’un franc’ ( deux piastres
d’Egypte ) pour mon doublon. Cette pièce pourtant
leur parut bonne à quelque chose ; le eheykh
Ibrâhym me l’envoya demander pour servir de
remède à sa femme, qui était en couche; elle se
l’appliqua sur les parties souffrantes, persuadée
que ce morceau de métal appartenant à un chi é-
tien, pouvait produire des miracles. J ’avais acquis
dans le pays une haute réputation dans 1 art de
la sorcellerie ; les autres femmes, apprenant cette
aventure, ne craignirent point de venir chez moi
pour demander quelques papiers écrits, Ainsi
que les Africaines de 1 occident, elles regardent
ces morceaux de papier comme des talismans