Le 28 novembre, nous trouvâmes la route
peu praticable, à cause de toutes les sinuosités
que forme le Nil, ce qui nous fit prendre celle
du désert, sur la chaîne libyque : ce passage
est nommé A ’qabah el-Qalâbcheh ; le chemin est
assez beau, et du sommet de la montagne on
découvre très-loin dans l’est. On y voit de nombreux
rochers de grès, dont la cime noirâtre ,
brûlée par le soleil, présente l’aspect de la lave:
ce grès est généralement blanchâtre , d’un
grain tendre; quelquefois, à la surface du sol,
il se présente en couches minces, feuilletées et
pénétrées d’oxide de fer.
Mon guide [ kabir, nom que l’on donne
à tous les conducteurs de caravanes] se trompa
de chemin, et nous fit prendre trop à l’est;
nous nous en aperçûmes trop tard pour retourner
sur nos pas : continuant dans cette direction,
nous revînmes sur le Nil et descendîmes
à Dandour^ 'o ù nous arrivâmes après six
heures de marche. Après nous être arrêtés un
moment au temple , nous continuâmes notre
route sur Ies> rives du fleuve, Vers le soir,
nous éprouvâmes de grands obstacles à faire
passer nos chameaux par les nombreuses
sinuosités des rochers qui dominent le fleuve ;
le chemin étant tout-à-fait sur le Nil, présentait
des dangers ; nous arrivâmes très-heureusement
à Kircheh, où nous campâmes après neuf heures
et demie de marche. Nous allions très-lentement,
les chameaux étant fort chargés, et les
chemins très-difficiles. Le 29, nous continuâmes
à cotoyer le Nil : au bout d’une demi-heure
de marche dans le sud , nous parvînmes au
temple de Kircheh, superbe excavation dans la
montagne, que je voulus contempler une seconde
fois. A une demi-lieue de, là, nous entrâmes
un peu dans le désert ; et après une
heure de marche sur la montagne, nous descendîmes
dans une plaine de sable , au bord du
fleuve. Les chaînes de rochers qui resserrent
presque toujours la vallée du N il, n’existent pas
sur cette partie de ses rives : ce sont des plaines
de sable, d’où, à quelque distance, s’élèvent des
montagnes de grès ; près de là se trouvent
quelques faibles restes de ruines en briques
crues : on découvre dans les environs divers
emplacemens qui durent être cultivés par les
anciens, mais qui sont maintenant envahis par
les sables.
Nous arrivâmes à Deqqeh, après quatre heures
et demie de marche: je ne pus y passer sans