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 peu praticable,  à  cause  de toutes  les  sinuosités  
 que  forme  le Nil,  ce  qui nous  fit prendre  celle  
 du  désert,  sur  la  chaîne  libyque  :  ce  passage  
 est nommé A ’qabah el-Qalâbcheh ; le chemin est  
 assez beau,  et  du  sommet  de  la  montagne  on  
 découvre très-loin dans l’est. On y voit de  nombreux  
 rochers  de  grès,  dont  la  cime  noirâtre  ,  
 brûlée par le soleil,  présente l’aspect  de la lave:  
 ce  grès  est  généralement  blanchâtre ,  d’un  
 grain  tendre;  quelquefois,  à  la  surface  du  sol,  
 il se  présente  en  couches minces,  feuilletées et  
 pénétrées  d’oxide  de  fer. 
 Mon  guide  [  kabir,  nom  que  l’on  donne  
 à tous  les  conducteurs  de  caravanes] se  trompa  
 de  chemin,  et  nous  fit  prendre  trop  à  l’est;  
 nous nous  en  aperçûmes  trop  tard pour retourner  
 sur  nos  pas :  continuant  dans  cette  direction, 
   nous  revînmes  sur  le  Nil  et  descendîmes  
 à  Dandour^  'o ù   nous  arrivâmes  après  six  
 heures  de  marche.  Après nous  être  arrêtés  un  
 moment  au  temple ,  nous  continuâmes  notre  
 route  sur  Ies> rives  du  fleuve,  Vers  le  soir,  
 nous  éprouvâmes  de  grands  obstacles  à  faire  
 passer  nos  chameaux  par  les  nombreuses  
 sinuosités  des  rochers  qui  dominent  le  fleuve ; 
 le chemin étant  tout-à-fait  sur  le Nil,  présentait  
 des dangers ;  nous  arrivâmes très-heureusement  
 à Kircheh, où nous  campâmes après neuf heures  
 et  demie  de  marche.  Nous  allions  très-lentement, 
   les  chameaux  étant  fort  chargés, et les  
 chemins très-difficiles. Le 29,  nous continuâmes  
 à  cotoyer  le  Nil :  au  bout  d’une  demi-heure  
 de  marche  dans  le  sud ,  nous  parvînmes  au  
 temple  de Kircheh,  superbe  excavation  dans  la  
 montagne,  que  je  voulus  contempler  une  seconde  
 fois.  A  une demi-lieue  de, là,  nous  entrâmes  
 un  peu  dans  le  désert ;  et  après  une  
 heure  de  marche  sur  la  montagne,  nous  descendîmes  
 dans une  plaine  de  sable ,  au  bord du  
 fleuve.  Les  chaînes  de  rochers  qui  resserrent  
 presque  toujours la vallée du N il,  n’existent pas  
 sur  cette partie de ses rives :  ce sont des  plaines  
 de  sable, d’où, à quelque distance,  s’élèvent des  
 montagnes  de  grès ;  près  de  là  se  trouvent  
 quelques  faibles  restes  de  ruines  en  briques  
 crues  :  on  découvre  dans  les  environs  divers  
 emplacemens  qui  durent  être  cultivés  par  les  
 anciens,  mais  qui sont maintenant  envahis  par  
 les  sables. 
 Nous arrivâmes à Deqqeh, après quatre heures  
 et  demie  de marche:  je  ne  pus  y  passer  sans