
 
        
         
		Tous  les  yeux  se  fixaient  sur moi  avec une ardente  
 curiosité.  Quand je faisais monter ou descendió  
 à  volonté  la  colonne  de  mercure,  en  
 échauffant  la  boule avec le pouce,  ils s’écriaient  
 tout stupéfaits : L a  Allah e lA lla h , Mohammed  
 résout  Allah  [ il  n’y  a  point  d’autre  dieu  que  
 D ieu , Mahomet est son prophète ] ,  et ils  appelaient  
 le prophète  à leur  secours.  Je  leur fis ensuite  
 voir et toucher une lunette; je la démontai, et  
 ils en examinèrent toutes les parties; ils ne furent  
 pas moins surpris en voyant et entendant sonner  
 une montre  à répétition ;  enfin  je fis  éclater  un  
 peu d argent  fulminant  enveloppé à  l’ordinaire,  
 et cette explosion d’un  fragment  de papier  confondait  
 leur  intelligence.  Par  toutes  ces  expé-  
 liences j excitai au plus haut point leur curiosité  
 et  je  vins  à  bout  d’apprivoiser  les  plus  récalci-  
 trans ;  cependant ils soutenaient toujours  que  si  
 les  Chrétiens étaient, à cause de leur savoir,  les  
 hommes  les  plus  dangereux  pour  le  pays,  je  
 1 étais  plus  que  tous  les  autres  par mes  opérations  
 magiques,  et  que j’allais  attirer  sur  leur  
 village toutes les malédictions. En résultat, il fut  
 convenu qu’un des habitans resterait jour et nuit  
 avec moi, et m’accompagnerait par-tout. Dès que  
 cet homme eut été  installé dans  ses fonctions,  il 
 CHAPITRE  X.  
 ne tarda  pas à  remarquer que  ma cuisine  valait  
 mieux  que la sienne, et il  devint de mes anus ;  il  
 vit bientôt que  nous n’étions  ni  si médians 111 si  
 redoutables qu’on le pensait : je l'amusais chaque  
 jour avec mes instrumens, et,  sous sa gar de assidue, 
  je vins à bout  de  finir mon travail. Ensuite  
 je prévins le cadi qu’aussitôt qu’on trouverait des  
 chameaux  ,  nous  partirions  ;  l’envie  extrême  
 qu’on  en  avait  poussa  plusieurs  des  habitans  a  
 chercher  eux-mêmes  les  chameaux  dont  nous 
 avions besoin. 
 Le Qasr,  principal village  de la  petite  oasis, 
 est peuplé d’environ huit  cents habitans ;  le  soi 
 sur  lequel  il  est bâti  est  de  grès;  le  village  est  
 entouré en partie de mitrailles : elles ont 2 métrés  
 de hauteur,  et  sont  construites  de  fragmens  de  
 cette  pierre  taillés  en  assises,  et  trouvés  dans  
 d’anciens monumens;  on  observe  aussi  sur  les  
 lieux de grosses briques  crues,  ouvrage des  anciens. 
   A  la  partie  nord du  village,  est  un  bas-  
 fond  rempli de dattiers et d’arbres fruitiers. 
 El-Bâoueyt,  Vautre  village de  la partie  occidentale  
 de  l’oasis,  à  un  demi-quart  de lieue  du  
 Qasr,  est  bordé  au  sud  par  le  désert et  par  la  
 route qui conduit à la partie orientale ;  au  n o rd ,  
 par les dattiers et  les terres cultivées : il contient