et occupant des positions presque inaccessibles.
Cest à juste titre que ïe pays au-dessus
d’Ouâdy-Halfah porte ïe nom de vallée des
pierres ; il ne pouvait en recevoir un plus convenable.
Si ïaspect du fleuve, encaissé dans
ces rochers, est triste et sauvage , il est aussi
très-imposant. Quelques misérables familles qui
habitent ces rochers , s estiment ici très-heureuses
de pouvoir cultiver un peu de dourah
et de dokn, et élever quelques chèvres: là,
comme dans le désert, ils sentent le prix de
ïeur indépendance, et vivent contens dans ces
îles inabordables, sans en sortir presque jamais :
quoique peu éloignés des pays productifs,
ils semblent en ignorer l’existence ; un peu
de pain et de laitage , une ou deux chèvres
qu ils tuent chaque année, satisfont à leurs
modiques besoins ; et ces malheureux me
demandaient s il y avait du pain de dourah
dans mon pays 1 ils s’imaginaient que je n’étais
venu dans le ïeur que pour y trouver un meilleur
sort.
Le 20 décembre, à sept heures et demie,
nous montâmes vers la partie occidentale du
désert; les monticules y sont de granit et de
roche feld- spathique verdâtre; nous découvrions
de l’autre côté les rochers qui bordent
la rive droite. Nous passâmes sur un terrain argileux,
encore humide des pluies qui l’avaient
arrosé. Mon guide me dit qu’à l’époque de la
crue du N il, il avait séjourné dans cet endroit,
et y avait observé des amas d’eau provenant des
pluies d’orage. On le remarque également à
Thèbes et ïe long des chaînes libyque et arabique
; mais cela n’arrive pas toutes les années ;
ïes grandes averses sont très-rares. Après deux
heures de marche, nous descendîmes de nouveau
dans la vallée du Nil : nous avions à notre
gauche un gros rocher nommé Mangandol. Les
deux rives du fleuve sont, dans cet endroit, nommées
Sarâs; on y trouve quelques herbages:
on remarque, au bas des rochers , de petits acacias
qui, vers l’est, s’étendent jusqu’au fleuve.
La largeur du Niï n’excède pas deux portées de
fusil : il paraît navigable, malgré quelques rochers
épars qui se montrent au-dessus de sa
surface. A une lieue de l à , le Nil se resserre ;
et une île formée d’un rocher très-élevé semble
en fermer ïe passage ; au sommet de ce rocher
habite un cheykh ou santon musulman. Dans
la partie nord de l’île, plusieurs misérables Barbarins
cultivent un peu de coton : on voit