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 embarras.  Si  l’on  trouve  parmi  les  kâchêfs des  
 hommes  honnêtes  et  obligeans,  on  rencontre  
 aussi  parmi eux  des  êtres  vils  qui  ne  se  font  
 pas  scrupule  d’abuser  de  leur  autorité  pour  
 rançonner  les voyageurs.  Celui  à  qui  j’avais  eu  
 affaire  ne  se  serait  pas  comporté  de  la  même  
 manière  en  Egypte.  Le  jour  était  trop  avancé  
 pour recharger nos chameaux et continuer notre  
 route :  nous  passâmes  donc  la nuit dans cet endroit  
 ,  en face d’une petite île nommée Mânârti,  
 où  sont  quelques ruines  en terre, probablement  
 de  constructions  coptes  :  on  y  voit  quelques  
 dattiers.  A  deux  lieues  au  sud  d’Arguy,  près  
 du  fleuve ,  on  remarque  les  débris  de plusieurs  
 piliers  carrés,  et  les  restes  des  montans  de  la  
 porte  principale  d’un  petit monument  en  grès.  
 Ces  ruines  sont ornées  d’hiéroglyphes ;  le style  
 est  bien  celui  des  monumens  égyptiens.  L’extrémité  
 du  temple  et les  murailles des chambres  
 sont  en  briques  crues  :  en  avançant  quelques  
 pas  prés  du  Nil,  on  aperçoit  les  restes  de  
 quelques  colonnes  également  en  grès  et  des  
 murailles en terre.  Ces ruines,  peu  élevées  au-  
 dessus  du  sol,  échappent  souvent  aux  regards  
 des voyageurs. 
 Le principal  produit  du pays  des  Barâbrah,  
 d’Asouân à Ouâdy-Halfah,  consiste  en  dourah :  
 les habitans  cultivent  aussi  du  dokn,  de  l’orge,  
 du  tabac  vert,  du  coton  ,  et le palma-christi,  
 de la graine  duquel  ils  tirent  de  l’huile ; ils ont  
 des  haricots de plusieurs espèces,  et des.dattiers  
 dont" les  fruits  sont  très-estimés ;  c’est  le  principal, 
   on peut même  dire  le  seul  objet du commerce  
 que  les  habitans  font  avec  F Egypte.  Ils  
 récoltent  aussi du bois, d’acacia et de sycomore,  
 sur-toùt  entre  Derr  et  Ouâdy-Halfah  :  ils  en  
 font  de  très-grands  radeaux;  à  l’époque  de  la  
 crue du Nil,  quelquefois ils  y  embarquent leurs  
 dattes, et vont  même  jusqu’au Caire. Iïs élèvent  
 des boeufs,  des  moutons,  sur-tout des chèvres,  
 qui y sont  très-communes.  Les habitans  sont laborieux, 
   sobres,  d’un  tempérament  sec,  et  peu  
 sujets  aux maladies.  La  brûlure  à. Faide  du  fer  
 rouge est un remède souverain pour la plupart de  
 leurs maux ;  beaucoup  en  sont marqués  sur la  
 colonne  dorsale :  souvent,  dès  leur enfance,  on  
 leur  administre  ce  remede  pour  les  préserver  
 des  maladies  endémiques;  l’humeur  s’épanche  
 par la plaie, laquelle ne se  rëferme  que  lorsque  
 le malade  est  guéri. Le  peu  de  ressources  que  
 trouvent  les  habitans  chez  eux  les  oblige  à