VOYAGE À MÉROÉ,
a du rapport avec la danse des noirs ) , en-
remuant toujours les hanches, et en s’accompagnant
du tambour de basque, de la flûte de
loseau et du violon à trois cordes. On se marie
très-jeune, les femmes sur-tout. La cérémonie
est la même qu en Egypte : Fépouse, entièrement
couverte dun voile épais, est conduite dans la
ville, accompagnée de ses parens et de ses amis,
au son de la musique. L’usage ne permet pas aux
femmes d assister aux enterremens comme en
> les hommes seulement accompagnent
ie mort, et ensuite ils se réunissent à un repas
où chacun apporte son p la t, ou de -riz, ou de
pois chiches.
Ii est permis à quelques femmes âgées de
sortir de la ville; ies jeunes femmes ne le peuvent
point; encore moins les filles, qui, depuis lage
de neuf et dix an s, ne sortent plus : souvent
celles-ci meurent sans avoir mis ie pied hors de
ia ville. Ii s’y trouve des filles de joie comme
en Egypte ; mais elles sçnt mariées et ont plus
de décence : elles pratiquent la même danse
lascive que ies hommes, au son du tambour de
basque et de petites cymbales dont elfes jouent
entre les doigts avec adresse. Ces femmes ont
un extérieur qui n’çst pas dépourvu d’agrément;
mais F usage de porter sur ie visage un grand
anneau d’or qui est passé dans le nez, a
quelque chose qui inspire de Féloignement à
un Européen, La décence ne ieur permettant
pas de résider dans les villages, elles habitent
de petits réduits couverts sous les palmiers,
et foin des habitations : elles voyagent d’une
oasis à i’autre, et vont jusqu’à Audjelah et
plus loin.
Durant tout mon séjour dans l’oasis, je n’ai
vu aucune femme dehors ; quelquefois seulement
j’ai p u , à l’aide d’upe longue-vue, en
entrevoir quelques-unes aux fenêtres de leurs
appartemens donnant sur les murs de la ville.
Leur mise est des plus simples; elle consiste
en une longue et ample chemise de toile bleue,
et en un milâyeh dont elles se couvrent la tête et
s’enveloppent à la façon des Egyptiennes. Leur
luxe consiste dans leur chevelure, qu’elles tressent
, comme au Caire, avec beaucoup d’art ;
elles y mêlent des pièces d’argent et des verroteries;
des bandelettes de peau unies à leurs
tresses leur descendent sur le dos comme ornement,
ou elles y attachent des morceaux de
pièces d’argent, et quelquefois, m’a -t-o n dit,
de petites clochettes; elles portent un grand
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