ce que j’eusse vu les antiquités des. environs ;
cet homme me disait que, depuis ia tentative
du colonel Boutin, ils avaient juré de périr
plutôt que de laisser des chrétiens pénétrer
jusqu’à ce lieu.
Le 1 1 , Ismayl me prit deux bougies pour
aller religieusement les allumer dans un tombeau
de santon. Cet acte de piété lui valut beaucoup
de considération : à l’approche de quelques
habitans, il se prosterna à terre aussitôt. Ceux-ci
le surprenant en prières, et frappés à l’aspect
de ces deux bougies allumées, qui étaient les
premières qu’ils eussent vues, éprouvèrent un
grand étonnement ; ils allèrent raconter ce fait
dans la ville. Ismayl avait gagné leur confiance:
ils vinrent le chercher pour le faire manger avec
eux. « Toi, lui dirent-ils, tu es musulman et
» notre frère ; la maison de chacun de nous est
» la tienne, et nous ferons pour toi tout ce qu’il
» sera possible de faire pour un ami. Tu es envi
voyé par Mohammed-Aly pacha : nous res-
» pectons ce grand homme, aujourd’hui vain-
» queur des Wahabites. » On lui donna, de la
part de la ville, un mouton, du riz, un quintal
de dattes, en expliquant bien que c’était à lu i,
et non au chrétien, qu’on faisait ce cadeau : nous
en prîmes cependant notre part. Les fatigues
et les privations que nous avions éprouvées
depuis notre départ de Medynet el-Fayoum,
nous firent trouver le mouton excellent, quoiqu’il
ne nous fût pas destiné. J e me fis ensuite
un ami, en abandonnant à un habitant, mon
voisin, la peau de cet animal pour la manger,
C H A P IT R E V.
Nouvelle réunion du conseil.--— Gebel-Mouta, hypogees. Ruines
de l’ouest. — Qasr-Roum, monument remarquable. — Tentative
pour visiter Omm-Beydah. — Refus des cheykhs. — Souvenir
des voyages de Browne et de Hornemann. encore subsistant
dans l’oasis. — Drar-Abou-Beryk, montagne et hypogées. —
Nouveau refus des habitans. — Le voyageur est obligé de renoncer
au voyage d’Arachyeh. — Rédiiit où fut renfermé le
colonel Boutin.
Le 12 décembre, impatient et tourmenté par
le besoin de voir, je fis demander Yousef pour
commencer mes excursions; on m’envoya un
autre habitant qui n’entendait pas un mot d’arabe:
on craignait que je n’eusse déjà gagné Yousef.
Je le fis aussitôt réclamer, disant que j’étais habitué
à me servir de*ïui, et que, parlant l’arabe,
5*