s expatrier : iis sont au Caire à-peu-près ce que
les Suisses sonteà Paris ; leur réputation de fidélité
les fait choisir pour ïa garde des portes de
maisons. Les femmes sont laides; elles restent
dans le pays ; aussi dans les villages entre
Syène et Ouâdy-Halfah, voit-on beaucoup plus
de femmes que d’hommes : c’est ce qui a fait dire
à tort que les individus de ce sexe y naissent en
beaucoup plus grand nombre que les mâles.
Ceux-ci sont vêtus de chemises de toile : les
femmes les portent ouvertes des deux côtés dans
toute la longueur, mais fermées sur le devant;
par-dessous, elles ont de grands pantalons aussi
en toile blanche ou bleue : souvent un manteau
leur couvre le visage. ( Voyez les planches de
costumes jointes à ce volume. )
Les hommes, la majeure partie du temps, sont
sans chemise. Quelques-uns portent les cheveux
courts et bouclés ; mais la plupart les ont tressés
comme les anciens et bien huilés; ils y fichent
une fongue broche en bois dur, pour se gratter
la tête. Ils ont un couteau courbe, attaché sur
le bras gauche.
De même qu’en Egypte, on fait usage ici du
sakyeh, machine hydraulique pour élever l’eau
sur les terres. On est étonné de voir que ces
machines, sur-tout les roues, formées d’un grand
nombre de pièces, ne soient maintenues que par
des liens de cuir ; il n’y entre pas un seul clou ;
mais aussi le fer est très-rare. Les Nubiens
cultivent très-bien leurs te rres, et cependant ils
sont très-pauvres. Les femmes font du pain sans
levain, avec de la farine de dourah et de dokn,
qu’elles broient à la main ; elles étendent une
pâte assez claire sur une plaque de fer en forme
de galetière, et elles la font cuire ainsi. Elles
s’occupent aussi à filer la laine et le coton : les
hommes filent également; ce sont eux qui font
les toiles et les tissus de laine grossiers.
Les maisons des nouveaux mariés sont faites
en nattes de paille et en feuilles de palmiers.
La principale nourriture des habitans consiste
en dourah et en dokn, qu’ils mangent avec du
lait aigre, en dattes et en haricots: ils font peu
d’usage de la viande; quelquefois ils se nourrissent
de chair de chameau et de grosses sauterelles
qu’ils font griller, soit à la flamme, soit
sur le charbon. Ils ne fument guère, mais ils
mâchent du tabac mêlé avec du natron ; ils l’enveloppent
dans un petit morceau de laine ou de
quelque autre tissu, et le placent ainsi dans
leur bouche.