
 
        
         
		traversâmes  des plaines inégales;  puis le  sol  devint  
 pierreux ;  souvent  nous marchions  sur  le  
 rocher nu , qui  consistait en un calcaire blanc, de  
 craie,  souvent  rempli  de  nummulites,  d’huîtres  
 et  même  d’oursins  fossiles.  Les  bancs  de  sable  
 sont moins fréquens sur cette route que sur celle  
 du Fayoum  à  Syouah ;  je  présume  qu’elle  était  
 préférablement  suivie par  les  anciens >  comme  
 la meilleure;  car  elle  passe  par  la  petite  oasis,  
 et  l’on  y  rencontre  plus  de  végétation  que  sur  
 l’autre ,  ce  qui est  d’une  grande  ressource pour  
 les  chameaux.  Après  six  heures  de  marche,  
 nous  traversâmes  plusieurs  bancs  de  sable  qui  
 s’étendent du nord au sud.  Les plus longs et  les  
 plus  considérables  que  j’aie  remarqués  suivent  
 ordinairement  cette  direction,  et  ils  la  doivent  
 aux vents  du  n o rd ,  qui  régnent  constamment  
 pendant  plusieurs mois.  Nous  campâmes  après  
 une  marche  de  onze  heures  :  cette  partie  du  
 désert, me dit-on,  se nomme Gharb et-Cheryf. 
 Le 31,  nous partîmes à sept  heures un quart.  
 Pendant six heures,  nous trouvâmes le sol mon-  
 tueux  dans  plusieurs  endroits;  dans  d’autres,  
 parfaitement  uni,  et  permettant  à  la  vue  de  
 s’étendre  au  loin.  Nous  passâmes  sur  des  rochers  
 ,  entre  un  grand  nombre  de  petits  monticuies. 
  Après  neuf heures de marche,  nous  descendîmes  
 dans  une  vallée  basse  qui  s’étend  
 directement  de l’est  à  l’ouest ;  sa  largeur  est  de  
 trois  quarts  de lieue  ,  et va en  augmentant vers  
 l’est  :  elle  est  bordée  par deux  chaînes de montagnes  
 dont le massif est  un  calcaire  plus  compact  
 et plus dur que celui que j’avais  observé les  
 jours précédons ; on y trouve des couches d’oxide  
 de  f ê r ,  et  çà  et  là  des  brèches  quartzeuses,  à  
 grains fins,  globuleux et en raisins, et pénétrées  
 du même  oxide ;  d’autres fragmens  très-minces,  
 en  forme  de  tuyaux  d’orgue;  quelques  hématites  
 ,  de  la  sanguine *,  beaucoup  dè  chaux car-  
 bonatée en petits cristaux, mais point  de fossiles  
 comme  précédemment.  On  campa,  après  onze  
 heures de marche ,  dans une petite vallée garnie  
 d’herbages  et  nommée  el-Ayn  Beledy  ou  les  
 sources du village, à cause de la proximité de la  
 petite  oasis.  Il était temps  que  nous arrivassions  
 au terme de notre course ; depuis plusieurs jours,  
 nos  chameaux  épuisés  ne  pouvaient  plus  transporter  
 de  bois,  et nous étions réduits à vivre de  
 dattes  et d’ognons,  et à nous  abreuver de mauvaise  
 eau. 
 *  Oxide  de  fer rouge.