à Syout lors de mon premier voyage, me reconnurent;
et comme il n’y avait pas de médecins
dans cette ville, la journée ne se passa
point sans que je fusse obligé de distribuer des
purgatifs; il me fallut aussi administrer force
alcali volatil pour des piqûres de scorpion, qui
sont souvent mortelles , sur-tout pour les en-
fans. Cet insecte est très-commun dans les maisons,
ainsi qu’une grosse espèce de lézard ; les
serpens mêmes s’y glissent assez fréquemment.
Les villages de la Haute-Egypte, pétant la
plupart bâtis en terre et en briques crues, deviennent
le refuge d’une multitude de reptiles
et de rats* sur-tout lorsque les eaux du fleuve
sont hautes. Nous tuâmes ' dans la maison du
docteur un serpent qui vint se livrer lui-même
assez singulièrement. Une cage renfermant un
serin de Canarie était posée sur une fenêtre au
second étage; un serpent de deux pieds et demi
de long., taille ordinaire de ceux qui fréquentent
les maisons, pénétra facilement à travers les
barreaux de la cage et avala l’oiseau : mais ce
fut là sa dernière proie ; celle-ci gonfla le ventre
du serpent de telle manière, qu’il lui fut
impossible de sortir dé la cage. Quelle fut la
surprise de la maîtresse du pauvre serin, quand,
le soir; voulant rentrer l’oiseau chéri, elle
aperçut le reptile qui l’avait remplacé !
Le lendemain 9 , nous partîmes. Toute
la journée, nous vîmes la route couverte de
bestiaux qui entravaient notre passage : on les
conduisait au môle; on appelle ainsi un grand
marché qui se "tient deux fois par an à Tantah,
gros village situé dans le Delta, et où Fon vient
en foule de toutes les parties de l’Egypte.
Le 10 au soir, nous arrivâmes au village
de Reyremoun, où je restai quelques jours
pour chercher une barque. Je pris gîte chez
M.Brine, Anglais, directeur des raffineries de
sucre du pacha. M. Brine accueille avec la plus
grande aménité les voyageurs qui passent dans,
ces lieux. 4
Nous apprîmes à Reyremoun que Mohammed
Aïy préparait une grande expédition, qui
allait à Syouah pour faire la conquête de cette
oasis. M. le chevalier Drovetti, consul général,
de France , accompagné de quelques personnes
devait profiter de cette expédition pour faire le
voyage avec sécurité. Ils desiraient ardemment
pénétrer dans l’île mystérieuse du laç d’Arachyeh,
où ils espéraient trouver, non le sabre qui ,
comme le prétendent les naturels du pays,