mencent à offrir une végétation plus considérable
; les terrains cultivés sont plus étendus,
et les dattiers sont en plus grand nombre. Le
changement est déjà d’autant plus sensible , que
depuis Ouâdy-Haifah jusqu’à Sonki, tout le
pays est un vrai désert, et n’offre à la vue que
stérilité et misère absolue. Après sept heures
de marche, nous campâmes, à deux heures,
sous un petit bois de dattiers : c’était le premier
séjour un peu supportable que nous trouvions
depuis que nous avions quitté le village d’Arguy ;
ce lieu se nomme Dâl-Nârou. Vers le sud-
est , sur l’autre rive et près du fleuve, se trouvent
la grosse montagne de Mémé et des terrains
cultivés. Là finit la Vallée des Pierres, que les
Barbarins, dans leur dialecte, nomment aussi
Kindineto [ le lieu des pierres ], et commence
la province de Sokkot; Là finit aussi réellement
la cataracte d’Ouâdy- Halfah; car, quoique le
Nil, avant d’arriver à ce point, présente quelques
parties navigables, c’est seulement à Dâl-Nârou
que les montagnes s’aplanissent et font place
à des vallées cultivées. Ici, nous pûmes faire des
observations ; nous trouvâmes pour la latitude
nord , 20° 57' 15 ", et pour la longitude est , 28°
20] la déclinaison est de 11°30' nord-ouest. Dans
la cataracte d’Ouâdy-Halfah, on peut compter
quarante-deux îles ou rochers couverts çà
et là de végétaux, et en partie,cultivés : on y
trouve aussi des restes de monumens érigés par
des chrétiens. Dâl-Nârou contient environ quarante
familles : je n’ai pu connaître la population
au juste ; ces malheureux craignent toujours de
dire la vérité sur ce point. Trois petites îles ou
rochers étaient mis à découvert parla baisse des
eaux du fleuve : les maisons situées sur la rive
droite ont une certaine apparence ; toutes sont
isolées et situées sous des bois de dattiers ; elles
ont de vingt à vingt-cinq pieds, de hauteur :
quoique bâties en te rre , elles sont d’une construction
régulière; la forme en est pyramidale.
La Vallée des Pierres offre de beaux points
de vue à dessiner : je résolus de remettre ce travail
à mon re to u r, ne voulant pas m’arrêter dans
ces lieux, et brûlant de rejoindre l’armée d’Ismâyl
pacha avant qu’elle parvînt à l’Atbarah et à
Chendy, lieux où mes recherches d’antiquités
semblaient m’offrir le plüs d’espoir de succès.