
 
        
         
		rive , nous tirâmes plusieurs coups de  fusil ; mais  
 ia grande largeur du fleuve empêchait de les entendre. 
   Arrive  en ce lieu ,  j’éprouvai de  violens  
 accès de ia  fièvre  qui m’avait saisi  íes  jours pré-  
 cédens ; mon interprète était dans  ie même état :  
 nous fûmes fotcés de nous arrêter. Le 9, à ianuit,  
 nous  tirâmes  .encore  quelques  coups  de  fusil,  
 pour  faire  venir  près  de  nous  les  habitans de  
 l’autre rive ;  on  no u s.rép o n d it,'e t,  une  demi-  
 heure  après,  nous  vîmes  arriver  le  kâchef du  
 lieu ,  accompagné  de  quatre  soldats  albanais.  
 II  me  dit  qu’il  avait  cru  que  c’était i Ismâyl  
 pacha  qui  s’en  retournait ;  qu’autrement  ii  ne  
 se  serait  certainement pas déplacé  pour des Européens. 
   Toutefois  je  ie  priai  de  me  procurer  
 quelques  provisions,  et  il  promit  de  roe,  faire  
 donner  ce  qui  me  serait  nécessaire. Le  10,  au  
 matin,  le kachef m’envoya  sa  barque poUr/que  
 je passasse sur  I autre  rive  avec mon interprète.  
 II ordonna  de faire  chercher  dans  les  environs  
 quelques  volailles et un mouton,  malgré  le  dénuement  
 d un  pays  où  l’armée  d’Ismâyl  pacha  
 avait  fait  un  mois  de  séjour.  Sentant  les  approches  
 de  fa, fièvre,  je  regagnai l’autre rivé  et  
 rentrai  dans  ma  tente:  íes  accès  furent  très-  
 vioïens;  je  me  trouvai  tout-à-coup  réduit  à  un 
 tel état  d’épuisement et de  faiblesse,  que  je ne  
 pouvais  pïus  me  tenir  debout.  Je   passai  une  
 nuit affreuse ;  j’éprouvais les  pius vives  doufeurs  
 et une  suffocation  continuelle.  Éloigné  de  tout  
 endroit où  je  pusse  obtenir  du  secours  et  me  
 procurer  même  les  choses  ies  plus  indispensables, 
  ne pouvant guère rencontrer de médecins  
 quà  deux  cents  lieues de là ,  j’étais dans un état  
 difficile à exprimer,  et mon  impatience d’arriver  
 à l'armée augmentait  encore mon agitation. 
 Le  10,  au matin,  le kâchef ne  nous  avait encore  
 rien  envoyé ;  nous  crûmes devoir revenir à  
 Arguy,  espérant y trouver  quelques provisions.  
 II n ’était  pas  prudent  de  séjourner  foin  des  villages. 
   Heureusement  j’avais  encore  quelques  
 médicamens  et  des  tablettes  de  bouillon  qui  
 nous furent  d un  grand  secours.  Le  quinquina  
 que  m administrait mon compagnon  de  voyage  
 M. Letorzec,  qui eut pour moi toutes les attentions  
 d’un  frère,  me  soulagea  beaucoup;  mon  
 interprète  s en  trouva  aussi  bien  que  moi.  Je  
 rencontrai  à  Arguy  un  guide  qui  connaissait  
 paifaitement  le  pays  jusqu’à Dongolah.  Le 15  
 me  sentant  assez  fort  pour  soutenir la marche,  
 j’ordonnai les préparatifs du  départ pour  le  lendemain. 
  On levait nos tentes,  lorsqu’un soldat du