Aly, qui s’était révoltée contre le pacha, et qui
pillait les caravanes. Khalyï-bey était parti
depuis vingt jours avec, deux cents hommes de
cavalerie et mille Arabes du désert pour aller
à la poursuite'des rebelles. On n’avait encore
aucune nouvelle de l’expédition. Le khaznadar
me donna des firmans poûr le kâchef et pour
les chefs arabes du Fayoum; il leur enjoignait
de me donner leurs fds pour m’accompagner
dans le désert et répondre de moi. Je commençai
à concevoir des inquiétudes sur l’issue
de mon projet de voyage, et déjà mon interprète
Ismayl désespérait entièrement du succès
de l’entreprise. •
Le 8 , nous n’avions pu encore trouver une
barque; le khaznadar obligea le capitaine du
port d’aller lui-même en faire la recherche :
enfin celui-ci découvrit une petite cayasse dans
laquelle nous nous embarquâmes ; nous descendîmes
le Nil jusqu’au-dessous de Bouch, gros
village à quelque distance du fleuve.
Le 9 , au jo u r, nous entrâmes dans le canal
d’el-Meymoun à l’occident du fleuve. Ce canal
serpente d’abord dans des bois touffus de dattiers
; puis il arrose des plaines immenses et
fertiles. On jouit, durant cette navigation, de
points de vue pittoresques. Sur les quatre heures,
nous arrivâmes près du village de Massarah,
à une petite chute d’eau formant un rapide ; là
nous prîmes des guides pour ce passage difficile,
et nous fîmes tirer notre barque par dix
Arabes, afin de remonter le courant. Au moment
où nous croyions avoir vaincu cet obstacle
, tout d’un coup la corde se brisa, et nous
nous trouvâmes entraînés précipitamment à une
grande distance. Nous .désespérions presque de
pouvoir franchir ce passage ; cependant nous
nous fîmes donner de fortes cordes par des
Arabes d’une barque voisine, et nous recommençâmes
le trajet : cette fois nous parvînmes
à passer. Bientôt nous'arrivâmes sur un lac que
formait dans ce moment I inondation du fleuve',
et au milieu duquel trois villages offraient las-
peçt d’autant d’îles. Ces maisons, les bois de
dattiers, les champs de cannes à sucre, qui paraissaient
çà et là sur l’e a u , présentaient de jolis
paysages. Nous arrivâmes à la nuit au village
d’el-Lâhoun; nous avions en vue et à proximité
les pyramides du Fayoum. Nous passâmes la nuit
dans la barque, enveloppés dans nos barnouss.
Le 10 , je fis charger trois xhameaux de nos
effets, et nous partîmes montés sur des ânes