espèce pour faire de belles nattes ; iis vont les
vendre à Terrâneh ou au Caire. Ils allaient
partir pour leur village, et causer une grande
surprise à M. Kircourt, en lui apprenant que
je faisais route pour Syouah. Ils me dirent que
ce marécage avait en hiver jusqu’à une ïièue de
long, et qu’en été il se réduisait à un tiers. A
peu de distance de là sont plusieurs puits d’eau
douce, quoique tout le terrain s.oit couvert de
sel. II y a de petites excavations qui fournissent
de très-bonne eau. Un de ces puits, le plus abondant,
mais non le meilleur, est au pied d’un petit
monticule de sable Couvert d’arbrisseaux : j’y
plongeai te thermomètre à cinq heures et demie
du soir; la température était de 20°,3 : au même
moment celle de ï’air était de 17°,8.
Le l .eï décembre , la fraîcheur des nuits
m’offrit un grand contraste avec ïa chaleur du
jour ; la nuit précédente avait été très-froide : le
thermomètre, qui marquait le matin à sept heures
6’,8, en marquait 28 à trois heures du soir. Nous
passâmes la journée ici pour faire reposer les
chameaux, et les laisser manger des herbes, la
plupart épineuses, qu’ils aiment beaucoup. L’un
d’eux, couvert de blessures, allait expirer des
fatigues du voyage ; il d’ut aussitôt égorgé, et la
viande vendue dans la caravane , qui en fît un
festin. Tout fut mis à profit : on conserva le poil
pour des tissus; la peau, coupée par pièces et
séchée, fît des sandales; les os rejetés par les
u ns, étaient recueillis et nettoyés par les autres,
pour être répandus sur la route. L’usage est de
les faire servir de points de reconnaissance aux
caravanes, ou bien d’en couvrir les tombes des
voyageurs qui meurent dans le désert, où quelquefois
une pierre est très-rare. Ce jour-là, nous
parvînmes à prendre la hauteur méridienne et la
déclinaison du lieu , en nous mettant à couvert
par les arbustes; mais nous ne pûmes réussir
pour les distances de la lune aux étoiles , malgré
nos verres de couleur; l’éclat de la pleine lune
effaçant la lumière des étoiles.
L’aspect morne et silencieux de ces plaines
stériles, a pour le voyageur quelque chose de
triste et d’accablant qui est indéfinissable. Souvent,
pour charmer l’ennui de ces marches fatigantes
et monotones, les Arabes s’entretiennent
des aventures qui leur sont arrivées, ou bien ils
se livrent à des récits fabuleux sur les pays qu’ils
ont parcourus et sur les contrées dont ils ne
connaissent que le nom. C’est sur-tout le merveilleux
qui plaît à leur imagination ; il n’est contes