si absurdes qu’iïs ne débitent sur les déserts qui
séparent l’Egypte de Syouah. Selon ies uns, les
montagnes y recèlent des mines de fer et des
. émeraudes, dont cependant on n’a jamais entendu
parler en Egypte ; d’autres assurent qu’on
y trouve ïe zèbre, et que les vallées sont habitées
par des serpens immenses, qui tuent les
chameaux et qui dévorent les hommes et les
bestiaux ; d’autres enfin parlent de jardins délicieux
cachés dans les sables, qu’on rencontre
par hasard si on ne les cherche pas, mais qui
échappent à ceux qui veulent les découvrir.
II existe dans l’oasis, disent-ils, de grands orangers
dont les fruits sont innombrables, et que
l’on compare pour la taille au sycomore, l’un
des arbres les plus grands de l’Egypte. Un seul
de ces orangers fournit, chaque année, quatorze
mille oranges mûres. Les Arabes racontent
que le pays a été civilisé par Bousir, ancien roi
copte , petit-fils de Noë à la cinquième génération,
et suivant d’autres, par Adym, aussi ancien
roi copte, fils du fondateur d’Akhmym*. Comme
il parcourait l’occident, il remarqua un grand
canton couvert de sources et de végétation : il
* Voyez le me'moire de M. Langlès sur les oasis, à la suite de
la traduction du Voyage de Hornemann.
ordonna aux.siens d’y bâtir et d’en cultiver les
terres Les Berbers s’allièrent d’abord avec eux ;
mais ensuite le pays fut ravagé et presque dépeuplé
par des guerres intestines; il n’y resta
plus que des habitations isolées. V o ic i comment
Adym s’y prit pour orner la ville qu’il faisait
construire. De grandes rues la traversaient dun
bout à l’autre, et aboutissaient aux portes de
l’enceinte; il fit élever .au milieu de la ville
un amphithéâtre de sept degrés, couvert d’un
dôme en bois odorant, porté sur des colonnes de
marbre ; on voyait sur ce dôme des figures qui
chantaient en différentes langues. Au centre du
cirque étaient une tour de marbre et une statue
de granit tournant avec le soleil. Le degré le
plus élevé était occupé par ïe souverain, les
princes de sa famille et les princes étrangers; le
second, par les prêtres et les visirs; le troisième,
par les chefs de l’armée; le quatrième, par les
philosophes, les astrologues, les médecins, les
savans; le cinquième, par les architectes; le
sixième, par les hommes livres aux.professions
des arts; et le dernier, par le peuple. A chacune
de ces rangées d’assistans, on avait coutume
de dire : « Regardez ceux qui sont au-dessous
de vous, et non ceux qui sont au-dessus. »