i avait depuis trente-trois ans. Pour ia soulager, if
lui avait fait une sorte de chemise en filamens de
dattiers. Chaque matin, nos cinq Arabes étaient
obligés de fa soulever pour fa mettre sur pieds.
J ’eus fieu d’observer souvent combien fa femeffe
du chameau est courageuse, et quelle est sa
constance, opiniâtre à suivre le mâle avec fequef
elle vit habituellement *.
La nuit du 28 décembre fut encore très-
froide. Le thermomètre, qui marquait 18° à midi
et 12° à sept heures du soir, avait baissé, à sept
heures du matin, à 1 °,2. Nous partîmes à sept
heures, marchant vers Fest : cette partie du désert,
où nous trouvâmes çà et là quelques herbages,
est nommée par les Arabes el-Âttyeh-
Tematta. Au nord de notre route, et au pied
d une longue mojitagne, était une grande étendue
de terre sablonneuse , imprégnée de sel,
avec un peu d’eau salée. Kouroum m’assura
avoir entendu dire que le lac que nous avions
vu fa veille s’étendait autrefois jusqu’ici. Le reste
du jo u r, nous marchâmes dans une vaste plaine;
On prétend que l’accouplement des chameaux ne réussirait
pas sans une précaution qui est regardée comme indispensable ;
elle consiste à jeter au-dessus d’eujç une grande couverture,
comme si ces animaux étaient susceptibles d’une sorte de pudeur.
nôtre vue y était bornée au sud par de longs
bancs de sable, et au nord, jusquà une grande
distance , par un plateau désert. La majeure
partie dé cette 'plaine est couverte d huîtres fossiles
*, et de fragmens de silex dont quelques-
uns étaient remplis de nummulites aussi à 1 étât
de silex. Cette plaine est plus élevée vers le nord,
et plus basse vers le sud ; nous y campâmes après
neuf heures et demie de marche : cette partie du
désert est nommée el-Garah el-Avirah.
Le 2 9 , nous nous mîmes en marche à six
heures et demie. L’horizon sè perdait devant
nous à une gratide distance ; fe sol était tantôt
montueux, tantôt ^parfaitement uni, et, comme
dans les journées précédentes, plus élevé vers
fe nord. Une grande partie de cette plaine est
couverte de fossiles nummulites. Après douze
heures et demie de chemin, nous campâmes,
extrêmement fatigues non-seulement de la longueur
de fa marche, mais de fa vue accablante
' d’un désert uniforme, où l’oeil n’aperçoit pas
un brin d’herbe , et ne peut se reposer sur
aucun être vivant.
Le 30, nous nous mîmes en route à sept
heures : même aspect que la veille. D’abord nous
* Ostrea fla b tllu la , v o y e z ; planche LXV, vol. II.