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 de  ses  mamlouks ,  qui  lui  emportèrent  des  
 bijoux ;  douze  hommes  furent  envoyés  à  leur  
 poursuite  ,  avec  ordre  de  les  ramener  vivans ;  
 ils  les atteignirent bientôt :  f  un d’eux, se voyant  
 perdu,  rendit  les  armes  ,  en  confessant  son  
 crime ;  1 autre ,  au  contraire,  fit une vigoureusé  
 résistance  ,  et  tua  deux  des  hommes  qui  le  
 > poursuivaient ;  on eut de la peine à le désarmer.  
 Tous  deux  furent  conduits  devant  le  bey:  ses  
 gens  firent  valoir  la  soumission  et  le  repentir  
 du  premier,  et  accusèrent  l’autre  d’avoir  occasionne  
 la mort de  deux  des  leurs.  Le  bey  jugea  
 que  celui q u i,  sans  être effrayé parle  nombre ,  
 avait  osé  se  battre  contre douze  honimes,  avoit  
 fait  preuve  d’un  grand  courage  ,  et  méritait  
 sa  liberté  ;  et  que  l’autre  ,  s’étant  conduit  
 comme  un lâche,  devait  avoir le poignet  coupé  
 et  plongé  dans l’huile  bouillante ;  en o u tre ,  011  
 lui  mit  sur  la  tête ,  à  demeure ,  une  coiffe  en  
 cercle  de  fer ,  et  présentant  à  l’intérieur  plusieurs  
 petites  pointes  saillantes,  afin  qu’il  ne  
 pût  pas  appuyer  la  tête pour  dormir ;  dans  cet  
 é ta t,  il  fut  relégué  dans  les  écuries,  avec  les  
 chevaux. 
 J e  me  préparai  à  partir  de  nouveau  pour  la 
 Haute-Égypte  ,  et  j’allai  faire  mes  adieux  à  
 M. Sait,  consul  général  d’Angleterre.Il m’aida  
 de  ses  sages  conseils;  il augurait  mal  de l’expédition  
 de  Dongolah  et  de  Sennâr ,  et  craignait  
 qu’elle  ne  pût  atteindre  le  fleuve  Blanc,  faute  
 de  subsistances  :  il  est  vrai  que  cette  expédition  
 présentait  bien  des  difficultés; mais  on  ne  
 connaissait point les  ressources que l’armée pouvait  
 trouver ,  et  qu’elle  trouva  en  effet  dans  
 plusieurs  provinces. M. Sait  s’occupait toujours  
 de  recherches  scientifiques ,  et  de  l’exploration  
 des  antiquités : on  doit  espérer  que les  sciences  
 seront  enrichies  par  les  intéressans  matériaux  
 que  ce  savant  voyageur  a  rassemblés,  et  qu’il  
 publiera sans doute un jour. 
 Je  m’embarquai au  vieux  Caire,  le 27  juillet  
 à  dix  heures  du  soir.  Nous  voyageâmes  toute  
 la  nuit: un  fort  vent  du  nord  nous  conduisit le  
 l . cr  août  à  Minyeh,  où  je  m’arrêtai pour  voir  
 A’bdyn bey, gouverneur delà province ; il venait  
 d’être  nommé par Mohammed-AIy  pacha, pour  
 commander  une  partie  de  l’expédition  jusqu’à  
 Dongolah ,  où  il  devait  rester  en  qualité  de  
 gouverneur.  Quand  j’arrivai,  il  était campé sur  
 le  bord  du  fleuve  avec  quatre  cents  hommes.  
 Je  lui  remis  les  lettres  de  recommandation