briser notre barque contre les roches environnantes
; on n apercevait aucun endroit où
nous pussions aborder , ies deux rives étant
hérissées de rochers. Nous réduisîmes ia voile
à un quart de sa grandeur: malgré cette précaution
, notre barque, penchant beaucoup sur
ie côté, paraissait près de se remplir. Cependant
nous parvînmes à doubler íes rochers,
et nous nous arrêtâmes sur la partie orientale
du fleuve : là, nous fûmes accueillis d’une
grosse pluie qui dura un quart d’heure. Pendant
un séjour de cinq ans en Égypte, je n’avais
pas vu d orage aussi violent et une pluie aussi
abondante, sur-tout à l’approche d’Asouân.
Le défaut de vent me permit, le 18, de revoir
encore une fois les belles ruines de l’antique
Ombos, située sur le bord du fleuve, qui entraîne
et détruit chaque jour une partie des
monumens. J ’observai les restes dune construction
circulaire, et je regrettai de ne pas
pouvoir m’arrêter quelques jours pour la faire
déblayer, dans l’espoir d’y trouver le nilomètre
qui a dû exister dans cette ancienne cité. Le
lendemain 19 , nous arrivâmes à Dàrâou.
Amim aghâ, sur la lettre d’Aïy kâchef, me
procura un guide; j’achetai encore un chameau.
Ce jour même arriva une cange venant de Don-
golah : j’appris le succès de la première affaire
du prince Ismâyl pacha contre les Cheykyés, à
deux journées de Dongolah ; ces derniers avaient
perdu la bataille, et Ismâyl avait expédié cette
barque pour envoyer à son père le fruit de
ses premiers exploits, qui consistait en six têtes
de cheykhs et quelques centaines d’oreilles de
Cheykyés.
Le 2 1 , nous partîmes pour Koubanyeh, petit
village plus au su d , sur la rive occidentale du
fleuve, et nous y arrivâmes le lendemain matin.
Là, je devais quitter ma barque : les difficultés que
je trouvais à lui faire franchir les cataractes me
firent renoncer au dessein de la conduire plus
haut; ensuite, cette manière de voyager était
trop lente, et nous étions sans cesse contrariés
par les vents et par d’autres incidens désagréables
: en longeant par terre la rive gauche
du Nil, il me semblait plus facile d’en déterminer
le cours avec exactitude, et de reconnaître
le pays; d’autant plus que je me proposais de
revenir par l’autre rive du fleuve.
Le 23 au matin, je fis charger mes chameaux,
et à midi nous nous mîmes en route. Nous
suivîmes le Nil l’espace de deux lieues, pour