coquilles et des pétrifications que je venais de
recueillir. Un de mes domestiques accompagna
tous ces objets jusqu au Kaire, et je pus donner
connaissance en Egypte et en France du succès
de mon voyage à Syouah. Les cheykhs promirent
de me procurer des chameaux en état
de faire le voyage que j’avais projeté ; en attendant,
ayant reconnu le peu d’importance des
antiquités du fieu, j’employai mon temps à lever
un pian topographique des terres de i’oasis,
comprenant toutes ses sources.
J e commençai par l’extérieur du village;
mais bientôt j aperçus des Arabes qui murmuraient
entre eux : mon interprète parvint d’abord
à sen débarrasser, et je continuai mon travail. Le
lendemain, je fus suivi par une foule d’Arabes
qu’il nous fut impossible d’écarter; iis se plaignaient
de ce que Je prenais leur village pour
le mettre sur lepapier : c était, disaient les uns,
pour rendre compte au pacha de i’étendue de
leurs terres et pour faire augmenter leurs contributions;
d’autres craignaient que ce ne fût un
procédé magique pour tarir ieurs sources , et
soutenaient que cette opération allait attirer ies
malédictions du cieï sur ie village. La foule
augmentait de plus en plus : craignant qu’ifs ne
se livrassent à quelques excès, je suspendis mon
travail, et me rendis chez le cheykh Ibrâhym.
Je lui fis voir mes dessins, e t je vins à bout de
lui persuader que ce genre de sorcellerie ne
pouvait porter à personne le moindre préjudice.
Mais les efforts qu’il fit à son tour pour convaincre
les habitans furent tous inutiles, et il ne
put rien gagner sur leur esprit; il m’engagea en
conséquence à m’adresser aux chefs des autres
villages de l’oasis qui étaient plus considérables,
en disant qu’il me serait fibre de faire dans le
sien ce qu’on me permettrait dans les autres. Je
partis donc avec mon interprète pour el-Qasr,
et j’allai voir le cheykh Moussa : on lut mes fir-
nians à haute voix devant tout le peuple, et je
me plaignis amèrement des habitans de Zabou.
Le cheykh me dit que son autorité ne pouvait
s’étendre que sur son propre village et sur celui
d’el-Bâoueyt ; mais qu’il ferait tout ce qui lui serait
possible pour m’être utile :1 il me remit une
lettre pour le cheykh Ibrâhym, par laquelle il
ie prévenait qu’il me laisserait écrire et dessiner
sur son territoire tout ce que je voudrais, et
qu’il pouvait sans crainte engager les habitans à
nie laisser finir mon travail. Il me promit en
outre de venir lui-même le lendemain pour