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 lieu.  Je   me  plaçai  sur  un  point  élevé,  et  j’observai  
 de là avec ma longue-vue;  n’ayant aperçu  
 personne,  nous  avançâmes  avec  précaution,  
 cherchant sur le  sable  s’il portait  l’empreinte de  
 quelques  pieds  humains.  Kouroum  alla  seul  à  
 la  découverte  :  il  né  vit  rien ,  et  nous fit signe  
 d’avancer.  Alors nous  descendîmes dans  la  vallée  
 ,  et  nous  campâmes  à  quelque  distance  de  
 l’eau. Nous avions marché  six  heures. 
 Cette  vallée  se  nomme  el-Arây  Abou-èl-  
 Bahreyn;  elle s’étend  du nord au sud,  dans une  
 longueur  d’une  lieue,  sur un  quart de  lieue de  
 large.  Elle est  bordée  à  l’ouest  par  une  chaîne  
 de rochers ;  à l’est,  par un  désert élevé,  rempli  
 de  monticules  de  sable  et  de  rochers  :  toute  
 cette étendue est couverte d’herbages, de doums  
 et de  dattiers épars.  Ces palmiers ne  sont la propriété  
 de personne ; ils sont abandonnés aux caravanes. 
   Nous trouvâmes  des dattes,  mais  petites  
 et assez mauvaises,  et nous en ramassâmes pour  
 nos  chameaux. 1er ,  il y a beaucoup de gazelles,  
 de loups,  et de  bàqar ou boeufs  sauvages,  de  la  
 grosseur  d’iin  veau  :  les  sables étaient marqués  
 de  leurs traces. Tout le  sol est  couvert de soude  
 muriatée. Ce pays a pu être jadis une petite oasis ; 
 aujourd’hui,  il n est  plus habité ;  on  n y voit pas  
 même de restes d’anciennes demeures,  si ce n est  
 quelques excavations dans le rocher qui peuvent  
 être l’ouvrage des Arabes. La source  surgit dans  
 un trou de douze pieds de circonférence sur trois  
 de profondeur: nous y trouvâmes p en d  eau ; encore  
 était-elle  saumâtre,  et nous fûmes  forcés de  
 nettoyer l’orifice  de. la source , afin  de nous procurer  
 le lendemain  une  quantité d’eau suffisante  
 pour  notre  provision :  après  quoi,  nous  nous  
 écartâmes à  quelques  cents pas et hors  du  chemin  
 ,  et  nous  nous mîmes  derrière  des  monticules  
 garnis de tamarix,  nos chameaux  attachés  
 près  de  nous.  Cet  endroit  étant  très-fréquenté  
 à  cause  de  la  source,  on n’osa pas faire du  feu  
 pendant la nuit ;  et  tant qu’elle d u ra ,  le cheykh  
 Kouroum  et  mes  Arabes  firent  bonne  garde.  
 Avant  le  jo u t,  ils  entendirent  crier  des  chameaux  
 :  c’étaient  ceux de  quelques Arabes  qui  
 étaient venus, comme nous, pour faire de l’eau ;  
 le matin,  nous  vîmes  leurs  traces.  Le  soin que  
 nous avions pris de nettoyer la source leur servit  
 plus qu a nous-mêmes : en y puisant à notre to u r,  
 nous n’y trouvâmes plus  qu’une  eau  assez  sale,  
 en  très-petite  quantité;  il  fallut  s’en  contenter  
 et partir.  Toute  la  n u it,  nous  avions  beaucoup