leur subsistance ; aussi manquèrent-ils de tout.
Obligés de travailler dans l’eau, surveillés par
des soldats plus prompts à porter des coups
quà leur donner des secours, ; douze mille au
moins périrent épuisés par la fatigue. Les
cadavres étaient aussitôt recouverts par les
terres fraîchement remuées. Leurs ossemens ont
contribué à élever les berges du canal !
Le 24 septembre, je m’empressai de voir
M. le chevalier Drovetti. M. Boghos me présenta
au pacha, qui me demanda: quelques détails
sur la position où j’avais laissé • son fils et ses
troupes. Nous parlâmes des mines qui doivent
exister en Nubie près des rives de la mer Rouge,
et sur-tout des mines d’or que l’on disait être
au sud de Sennâr : je dis au pacha qu’en faisant
mes observations et mes recherches d’antiquités,
je verrais ces mines et que j’examinerais
si elles pouvaient lui procurer quelque avantage.
H accueillit fort bien ma proposition , et me
promit de nouveaux firmans pour que-je pusse
me rendre ,à Sennâr et visiter les mines d’or.
Pendantmon court séjour à Alexandrie, je vis
M. le baron Minutoli, général prussien, jouissant
d’une grande faveur ; il se proposait de;partir
sous peu - pour Syouah, avec : des naturalistes
et un dessinateur, pensant bien faire une ample
collection. J ’appris plus tard que cette expédition
avait été malheureuse et que trois Européens
avaient succombé.
Lé 26 au soir, les firmans du pacha me
furent délivrés, e t, dans cette circonstance ,
MM. Drovetti et Boghos me rendirent encore
les plus grands services. J ’allai sans retard
retrouver ma barque, près de laquelle M. Le-
torzec était re sté , et le 27 septembre je fis
mettre à la voile. Le 2 octobre, un calme
ùous arrêta : ne pouvant faire tirer ma barque,
parce que les rives du fleuve étaient inondées,
je profitai de ce moment pour aller à Menouf*,
afin d’y faire la recherche d’une pierre portant
une inscription en plusieurs langues, remarquée
par les savans de l’expédition française.
Après avoir pris plusieurs informations sur
la pierre que je cherchais, je parcourus les
rues de Menouf, suivi d’une troupe d’Arabes qui
* Je rencontrai sur ma route une jeune fille de la campagne, de
dix à onze ans. De mauvais haillons de laine lui couvraient à peine
une partiê du corps : honteuse de se trouver dans cet e'tat devant
un étranger, elle se hata de soulever ces ïambeanx pour s’en couvrir
la figure , mais aux dépens du reste de sa personne ’ qu’elle
abandonna à mes regards. Ce trait peut donner une idée du genre
de pudeur qui caractérise les femmes égyptiennes de la classe du
peuple.