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 ; ensuite nous en remplîmes nos outres. Mais  
 ce n’est là qu’un faible  désagrément,  en  comparaison  
 des privations pénibles qu’il y a à  souffrir 
 dans le  désert. 
 Au  sud,  à  peu  de  distance,  est  une  autre  
 source  semblable  à la précédente ,  mais moins  
 forte.  Nous  restâmes  ici  deux  jours  ( le  24  et  
 le  25 )  : mes Arabes  dirent  que  la  route n’étant  
 pas sûre dans  ce moment,  ils  attendraient  d autres  
 voyageurs  qui  devaient  s unir  à  nous  pour  
 aller à Syouah. Durant cette halte, nous pûmes,  
 à  la  faveur  des  arbustes  qui  couvrent  çà  et  là  
 cette  vallée  et  derrière  lesquels  nous  nous  cachions, 
   prendre  des  hauteurs  méridiennes  et  
 des  distances  de  la  lune  au  soleil,  faire  deux  
 observations  de  longitude par  le  chronomètre,  
 et  observer  la  déclinaison  du  lieu.  Je  ramassai  
 dans  ce  désert  quelques  fragmens  d’arbustes  et  
 quelques  insectes.  Tout  le  terrain  est  un  sol  
 calcaire,  en couches horizontales, où se trouvent  
 fréquemment  des huîtres  et d’autres  coquilles  à  
 l’état  de  fossiles.  Ici  nous  laissâmes  la  route  de  
 la petite oasis,  qui  continue  au  sud-ouest et que  
 suivit M. Belzoni.  Celle  que  nous prîmes  porte  
 à  l’ouest  quelques degrés  nord,  J 
 Nous  nous mîmes  en  marche ,  le  26  à  sept  
 heures,  vers  le  nord-nord-ouest.  Les premières  
 heures  furent  pénibles  p o u r, les  chameaux,  à  
 cause  des  fréquens  bancs  de  sable  quil  nous  
 fallut  franchir.  Le  cheykh  Kouroum  allait  devant, 
   à  une  assez  grande  distance,  pour  chercher  
 dans ces  bancs  de  sable  les  passages praticables. 
  A midi nous traversâmes un petit canton  
 appelé Rayân  el-Soghayr [ le petit Rayan],  où  
 sont  deux  sources  d’eau  saumâtre  et  quelques  
 herbages  :  nous passâmes encore  à pied de nouveaux  
 bancs  de  sable,  qui  tous  s’étendent  du  
 nord  au  sud,  en  barrant  la  route.  Nous  atteignîmes  
 des  rochers  calcaires,  isolés  au  milieu  
 de  la  plaine,  en  couches  horizontales  et  d’un  
 aspect  curieux. Nous arrivâmes au  désert appelé  
 Nagob-Aouara  : une  chaîne  de  montagnes  s’étend  
 au  nord ;  au  sud,  l’horizon  se  perd  sur  
 d’immenses plaines  de  sable. Après onze heures  
 et  demie  de  marche,  nous  vînmes  camper  au  
 pied de montagnes peu élevées du désert appelé  
 Goubatar-Aouara;  là  nous  fûmes  à  l’abri  d’un  
 fort  vent  du  nord,  qui  avait  soufflé  toute  la  
 journée. Je  fis faire du feu'pour préparer un plat  
 de riz, mais  contre  la  volonté des Arabes;  cette  
 clarté pouvait avertir les Bédouins rebelles : aussi