Chaykyé ; elles sont également répandues dans
les îles.
Le 14, nous partîmes à une heure. Après
•avoir passé la petite île de Mousnârti, nous rencontrâmes
des Abâbdehs que nous arrêtâmes un
moment : ils venaient de Dâr-Chaykyé, où
était campée l’armée ; ils nous apprirent q u e ,
depuis deux mois, le prince manquait de moyens
de transport, et qu’il attendait des chameaux
qu’il avait fait demander aux Arabes du désert.
Notre vue se prolongeait, dans l’ouest, sur de
vastes plaines ; j’y observai les effçts du mirage.
Beaucoup de terres sont incultes : sur notre
gauche, il y avait toujours des acacias et des
nebkas ; ici est Moch, consistant en quelques
habitations ; la partie droite du fleuve est
déserte. Voulant visiter la belle île d’Argo, nous
nous arrêtâmes, après trois heures de marche
et vers cinq heures un quart, à Benneh, sur le
Nil, dans une belle position couverte de dattiers
et d’acacias. En face sont la grande île de Benneh
, parallèle à celle d’A rg o , et celles de ü i-
balet et de Bonârti. Ces îles augmentent singulièrement
la largeur du fleuve. Ayant aperçu
une barque sur l’autre rive, nous nous arrêtâmes
dans l’espoir de pouvoir traverser le fleuve le
lendemain, et de chercher dans l’île d’Argo des
ruines et des statues qu’on m’avait dit y exister.
Le 15, nous tirâmes quelques coups de fusil,
pour faire amener cette barque ; elle se remplit
d’Arabes qui aussitôt vinrent à nous. J ’y reconnus
un fils du chéyk Karar-Abâbdeh , que
j’avais vu à mon précédent voyage en E g y p te ,
aux mines demeraudes : il me dit que nous
avions été mal- informés; qui! n’y avait point
de barque à l’île de Benneh pour passer sur celle
d’Argo ; que nous serions obligés de faire construire
des radeaux, et que le Nil était très-large ;
il me conseilla donc de me rendre à el-Mecyd
el-Hadjar, village situé à quelques lieues plus
loin, où je pourrais trouver une barque qui
nous conduirait directement à l’île d’Argo. Nous
chargeâmes nos chameaux à la h â te , et nous
partîmes à dix heures, fatigués de tant de contrariétés,
regrettant sur-tout de perdre un temps
precieux, dans un moment ou nous manquions
de pain.
Nous trouvions bien encore des moutons et
des chèvres, mais point de farine : il fallait
nous nourrir de dourah, nous et nos chameaux ;
1 encore avions-nous beaucoup de peine à nous
en procurer ; nous en formions une pâte que
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