Le 12 , nous arrivâmes au Caire, et nous nous
logeâmes dans le quartier de Mousky. Peu de
jours après, je trouvai des Arabes de Saqqârah,
qui me vantèrent un puits de momies récemment
découvert; iis me dirent quon y voyait
des statues et beaucoup d’hiéroglyphes en couleur,
des inscriptions et une grande quantité
de boeufs embaumés. Leur rapport me décida à
y faire une course, accompagné de M. Letorzec.
Je pris quatre'de ces Arabes, et je m’embarquai
au' vieux Caire à quatre heures du soir. Nous
passâmes le Nii au sud-ouest, et nous vînmes
à Manyal-Chih, où se trouve un beau bois de
dattiers traversé par- un canal ; mais la grande
inondation, qui couvrait ies terres au-deià et à
i ouest de Manyal, nous empêcha de reconnaître
ce canai : à tout moment on était engravé, et
mes Arabes se jetaient à ï’eau pour remettre ia
barque à flot. Après quatre heures de cette pénible
navigation, nous arrivâmes à Abousyr,
OÙ nous passâmes ia nuit chez des Arabes : nous
nous couchâmes à te rre , ; sur une misérable
natte, enveloppés d’une couverture, dans une
chambre où était toute la famille, pêle-mêle
avec dés chèvres, des moutons, des poules et
des pigeons.
Éveillés avant le jour par le bruit de cette
ménagerie, nous nous levâmes et nous nous
rendîmes aux hypogées qui se trouvent à un
petit quart de lieue d’Abousyr. Ce sont des puits
creusés perpendiculairement dans ia roche, de
9 à 10 mètres [28 à 30 pieds] de profondeur,
sur î mètre [ ou 3 pieds] en carré. De ces
puits on communique par des ouvertures à une
multitude de chambres où se trouvent beaucoup
d’animaux embaumés et d’autres momies. Celui
que nous visitâmes avait 30 pieds de profondeur :
nous y descendîmes en posant les pieds dans
des trous pratiqués sur les deux faces opposées.
Au fond , je fus obligé de me coucher à plat
ventre sur le sable, pour m’introduire dans le
premier passage où se trouve une salle carrée
de dix pieds; elle communique avec divers
chemins, à droite et à gauche desquels sont des
chambres remplies de momies de boeufs. Je fis
ouvrir plusieurs de celles-ci où je ne trouvai que
des os placés sans ordre. Le médiocre volume
de ces momies me fit connaître que les anciens
avaient d’abord enlevé la plus grande partie des
chairs, et qu’ils avaient seulement embaumé les
ossemens des animaux sacrés. Ces os ont été
enveloppés avec précaution ; ceux dés cuisses et