souffert des piqûres d’une grande quantité de
moustiques attirées ici par l’eau et la végétation*.
Le 26 au matin, nous partîmes à sept heures
et demie, en continuant dans le sud-est. Des
monticules bornaient notre vue de toute part;
nos chameaux fatigués nous obligèrent à faire
halte, après six heures de marche seulement,
dans un terrain bas garni de quelques herbages et
de quelques dattiers. A peine étions-nous campés
que nous eûmes encore une fausse alerte. Au-
dessus d’une élévation parut tout-à-coup une
petite caravane : le cheykh Kouroum, qui l’aperçut
le premier, nous cria aussitôt de’prendre les
armes. Je reconnus avep ma longue-vue que la
plupart des Arabes qui la composaient, étaient
montés sur des ânes, et nous fûmes bien convaincus
que ce n’étaiejit pas des Ghâzys. En effet ,
nous voyant courir aux armes, et nous prenant
nous-mêmes pour ces Bédouins si redoutés , ils
s’arrêtèrent, poussèrent des cris, et se mirent à
Couvert derrière un monticule. Comme je ne
voulais pas leur causer le moindre effroi, j’envoyai
le cheykh au devant d’eux pour les rassurer.
Ils vinrent à nous : ces hommes étaient
de Syouah; ils arrivaient de la petite oasis, où
La longitude de ee lieu est d’environ 24° 13',
ils avaient chargé un peu de riz sur trois chameaux,
et ils retournaient dans leur canton. Le
cheykh Kouroum se garda bien de nous faire
connaître; illeur dit que nous étions des Turcs.
Ils lui donnèrent du riz et des dattes,et ils passèrent
la nuit près de nous : mais nous eussions
bien préféré de les voir continuer leur route ;
car il fallut veiller une partie de cette nuit ,
d’après le conseil du cheykh Kouroum, qui les
connaissait pour des Arabes voleurs.
La nuit du 26 au 27, il fit un «froid extrêmement
vif : l’eau gela. Le thermomètre, à
sept heures du matin, marquait 2 degrés centigrades
au-dessous de zéro ; à m idi, il marquait à
l’ombre, 19°au-dessus de zéro, et 24° au soleil \
Cette différence de 2 1° de chaleur, en cinq heures
de temps, était la plus forte que j’eusse encore
observée. En Egypte , la température change
aussi brusquement du jour à la nuit, et la
variation n’est pas moins considérable**.
Nous partîmes à sept heures un quart. Le
sol était montueux, inégal et pierreux, couvert
de monticules et de bancs de sable. Kouroum
* Là latitude de ce point doit être d’environ 28° 48'.
** Les Français ont fait la même observation dans la basse
Egypte, pendant l’hiver de 1800.