chameaux à la h â te , et nous partîmes à dix
heures. Nous suivîmes des montagnes au nord
et au nord-ouest. Après trois heures de marche i
nous atteignîmes un désert élevé, rempli d’inégalités
et de monticules qui ont l’air de se
perdre à peu de distance. A quatre heures -,
nous quittâmes ces montagnes : en tournant
vers le sud-ouest, nous nous trouvâmes sur
un grand plateau, où nous campâmes après dix
heures et demie de marche , sans nous être
aperçus que la caravane que nous cherchions
était à très-peu de distance de nous. Après
nous avoir reconnus au son de la voix de plusieurs
des nôtres, ils vinrent à nous, et nous
les revîmes avec un vif plaisir. Ce lieu est ap-
pelé Ayhi. Tout le sol que nous parcourûmes
est calcaire, en partie coquillier, et en partie
formé de couches horizontales, mises en état
de décomposition par la soude muriatée si commune
dans ces montagnes.
Le cheykh Kouroum et Yousef vinrent dans
la nuit du 8 au 9 à ma tente, pour me dire
d’un air très-mystérieux que c’était le moment
de faire usage de ma sorcellerie pour modérer
le courroux des gens de Syouah. « Lors de
» notre arrivée, me dit Kouroum, j’ai eu plu-
» sieurs occasions de savoir combien les chre-
à tiens sont expérimentés dans cet art. Le signor
» Beïzoni, que j’ai conduit dans la petite oasis,
» se trouvant accablé par les habitans et par
» une caravane de Syouah qui voulurent sop-
» poser à ses recherches, se mit subitement a
« écrire des billets mystérieux : aussitôt ceux
» qui lui voulaient du mal vinrent shumiliei
« devant lui et lui baiser les mains, ce qui
» prouvait son grand pouvoir. » Je fus d’abord
tenté de chercher à le dissuader de son erreur,
mais je réfléchis que je devais au contraire,
pour l’encourager à me bien servir, l’assurer
que, sous ce rapport , j’étais aussi instruit que
le signor Belzoni, et qu’il pouvait compter sur
ma puissance et sur le succès de mes opérations
magiques.
Us me parlèrent d’une lie mystérieuse sur un
petit lac d’eau salée, à quelques lieues de Syouah,
comme renfermant des ruines curieuses; mais ils
me conseillèrent de ne pas faire connaître le désir
que j’avais d’y pénétrer, et me dirent que cela
seul m’empêcherait d’étre reçu à Syouah. Cette
île est en grande vénération ; les habitans prétendent
qu’elle est inaccessible, et eux-mêmes
n’y vont p a s, retenus par une espèce de terreur.