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 et me témoigna les meilleures dispositions.  
 Après  qu’il  m’eut  offert  le  café  et  sa  propre  
 p ip e ,  il  voulut  bien  écouter  les  questions  que  
 je  lui adressai sur  l’expédition : mais il  se  borna  
 à  me dire  qu’il  avait reçu l’ordre  de  se  trouver  
 à  Asouân  le  25  du  mois,  et  qu’il  devait  s’y  
 rendre  en  suivant  les  bords  du  désert,  pour y  
 rassembler  des Arabes qui campent  sur  les confins  
 de  la Haute-Egypte. 
 A’bdyn  bey  est  peut-être  de  tous  les Turcs  
 qui  se  trouvent  en Egypte,  cefui  qui  aime  le  
 plus  les  Européens;  les  services  qu’il  se  plaît  
 à leur  rendre ,  et ses manières  affables,  lui  concilient  
 l’affection de  tous les voyageurs. 
 Le 2  août,  à  la  pointe  du  jour ,  nous  nous  
 embarquâmes  par  un  fort  Vent  de  nord-ouest,  
 et nous arrivâmes le soir à Reyremoun ; le  lendemain  
 ,  j’allai encore une fois  visiter  les  antiquités  
 d’Achmouneyn.  Je   cherchai  en  vain,  les  
 ruines d’un monument  où  se  trouvait  une  inscription  
 grecque que  des savans  français avaient  
 v u e ,  et  dont  on  ne  possède  qu’une  partie  * ;  
 la  main  destructrice  des  Turcs  a  enlevé  tous  
 ces  restes,  soit pour  en  faire  de  la  chaux ,  soit 
 *  V oyez Dscription  de  l’Egypte, A.  vol. V, pl. 56. 
 CHAPITRE  XVI.  273 
 pour  les employer à de nouvelles constructions.  
 Le soir nous continuâmes notre route.  Sur notre  
 chemin,  nous  vîmes  de  grandes  excavations  
 creusées  dans la chaîne arabique, sur le bord  du  
 fleuve ;  les  unes  sont des hypogées et  les autres  
 des  carrières.  Les Turcs détruisent  chaque  jour  
 ces hypogées,  qui sont en grand nombre,  et tous  
 voisins les uns  des  autres :  ils  trouvent  plus  de  
 facilité  à en extraire la pierre qu’à exploiter  celle  
 de la montagne ; et ainsi se détruisent  de plus en  
 plus ces monumens,  travaillés avec tant de soins,  
 de patience et d’efforts par les anciens Égyptiens. 
 Le  4  au  soir,  nous  passâmes  devant  Mon-  
 falout. L’année précédente, le Nil avait emporté  
 le  grand  espace  de  terre  qui  se  trouvait  en  
 avant  de ce village ;  depuis,  on  fut  obligé de-  
 lever  un  quai  :  mais, malgré  cette  précaution,  
 déjà beaucoup de maisons avaient été renversées ;  
 tout  porte  à  croire  que  le  Nil  y  fera  encore  
 bien  des  ravages.  Le  5  au  soir,  nous arrivâmes  
 à  S y o u t,  où  je  trouvai  une  petite  caravane,  
 composée  de,  six  cents  individus,  qui  arrivait  
 de  Darfour.  Ils  devaient,  après  avoir  débité  
 leurs marchandises,  se rendre à la Mecque, pour  
 se  faire  hadjis  :  ordinairement,  pour accomplir  
 ce pèlerinage, ils passent par Dongolah, Souâkin,  
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