dêtre compromis pour m’avoir accompagné.
Kouroum et Yousef de Syouah me témoignèrent
encore cette fois quelques craintes.
Nous dûmes renoncer à prendre hauteur à
midi et à faire aucune observation devant ces
Arabes : lorsque nous en faisions, c’était en nous
cachant avec les plus grandes précautions, même
pour observer le baromètre. Les hommes qui
forment notre caravane, me dit le cheykh, ne
manqueront pas d’être questionnés sur ce que
nous aurons fait en route : nous nous gardâmes
donc bien dç faire devant eux nos observations,
qui auraient eu, à leurs yeux, l’apparence de
quelque sortilège. Ces Arabes , pour nous
effrayer sans doute, nous dirent que depuis ïe
retour de Korfosch-bey au Fayoum, les tribus
qu’il avait mises dernièrement à contribution,
s’étaient de nouveau révoltées contre Mohammed
Aly pacha ; et ils nous conseillèrent de
tenir nos armes toujours parfaitement en état,
en cas de besoin.
Le 23 à huit heures, nous nous mîmes en
route en marchant dans l’ouest quelques degrés
nord : nous traversâmes quelques terres et nous
entrâmes dans le désert. Les guides parlaient de
quinze à vingt jours de traversée. Jusqu’à deux
heures, nous parcourûmes d’immenses plaines où
l’horjzon se perd de toute part dans les sables;
pas un seul brin d’herbe n’y végète. A une
heure, nous laissâmes au sud, dans une gorge,
un chemin qui paraît avoir été suivi dans les
temps anciens ; il conduit à l’ancienne station
de Behneseh , par une autre gorge appelée
Moeyl. Au rapport des Arabes, il y a sur cette
seconde route une enceinte et quelques autres
constructions, probablement romaines , où se
trouve de l’eau douce. A quelque distance de
Moeyl, au nord de notre route, sont les ruines
d’un village abandonné , appelé Chegueg, situé
sur une éminence; et au pied d’uri rocher élevé,
voisin de ces ruines, passe un chemin qui conduit
au Fayoum. Vers les trois heures, nous
nous trouvâmes sur des bancs de sable mobiles
quil nous fallut traverser à pied; ces bancs
avaient tellement obstrué la route, que nous
fûmes obligés, en divers endroits, de pratiquer
des tranchées pour y faire passer nos chameaux.
De là, nous vînmes camper, après dix heures
de marche, auprès de Rayân eI-Q,asr, dans une
vallée où sont disséminés çà et là beaucoup
d’arbustes et d’herbages ; quelques dattiers y prospèrent
aussi. Tout le sol que nous parcourûmes
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