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 arabes avaient contracté la fièvre au  Farâfreh; il  
 me tardait d arriver à Syout,  car nous craignions  
 beaucoup dëtre atteints  de  la même maladie. 
 Nous  partîmes  le  21  à  six  heures,  et traversâmes  
 toute  fa  journée des  plaines de  sable;  le  
 chemin  était  très-pénible pour nos Arabes,  qui  
 devaient  marcher  dans ces sables  dix  ou douze  
 heures  par  jour,  forcés  de  courir  sans  cesse  
 derrière  les  chameaux  pour  les  exciter,  tantôt  
 par  des  chansons,  et  tantôt  par  des  cris : souvent, 
  fai  remarqué  que,  stimulés  et  comme  
 électrisés  par  ces  chants,  les  chameaux précipitaient  
 leur  marche.  De  chaque  côté  de  notre  
 route ,  nous  observâmes  des  bancs  de  sable  
 dirigés  nord  et  sud,  formant une  étroite vallée  
 large  d’un  quart de  lieue  ou  d’une  demi-lieue.  
 Apres treize heures de marche, nous campâmes  
 ce  jour-Ià au pied d’une montagne  isolée, nommée  
 el-Ouara-Abd-Somat. 
 Le  22,  à  six  heures  et  demie,  nous  continuâmes  
 à nous  avancer  dans  une  vallée formée  
 de  hauts  bancs  de  sable,  d’une  étendue  
 de  six  lieues,  et  toujours  dirigée  du  nord  au  
 sud :  ensuite  nous  trouvâmes  la plaine inégalement  
 coupée  de  petits  rochers  épars  çà  et  là.  
 Tout  ce  désert,  depuis  le  Farâfreh,  s’élève 
 dans  le  sud ,  et  peu  dans  l’ouest  :  après  onze  
 heures  trois  quarts  de  marche,  nous  campâmes  
 dans  un  endroit  nommé Karachef. 
 Le  2 3 ,  à  six  heures  ,  nous  continuâmes  
 de  monter,  pendant  trois  lieues  encore ,  sur  
 une plaine  hérissée  de  rochers  bas. C est un sol  
 calcaire percé,  creusé  et  onduleux  à  la  superficie, 
   disposition  qui  paraît  être  l’ouvrage  de  
 Feau  :  la  direction de  ces parties onduleuses est  
 constamment  nord  et  su d ,  ce  qui  semble  annoncer  
 que,  lors de la formation de cette plaine.,  
 les eaux ont  eu  un écoulement  vers  le nord.  II  
 nous  suffisait  d’observer  la  direction  des lignes  
 marquées sur le sol,  pour connaître notre route.  
 J ’y trouvai un  calcaire dur,  à grain fin,  luisant ;  
 avec  de  légères  veines  d’oxide  de  fer  rouge,  
 susceptible  de  recevoir  le  poli  du  marbre.  On  
 le distingue  aisément de l’autre  calcaire,  qui  est  
 plus  tendre;  le  premier  se  polit  naturellement  
 par  le  frottement  des  sables. 
 En suivant cette plaine ,  nous parvînmes  dans  
 une  région élevée d’où l’on découvre un horizon  
 étendu ; elle est hérissée de montagnes isolées,  de  
 forme  conique.  Les sommets  de  ces montagnes  
 offrent  un  aspect  imposant  et  sauvage ;  après  
 les avoir parcourues  Fespace  de  deux  lieues,  à