C H A P IT R E IX.
Petite oasis. — Accueil des habitans du Qasr. _ Hypogées. —
Arc de triomphe romain. — Départ du Qasr. — Ei-Mendych.
- Zabou. - Qasr Nosrâny. - Aqueducs. _ Source d’eau
thermale. - Idées superstitieuses des habitans.— Topographie.
- Température ( le jour à 35» centigrades ; la nuit au-dessous
de zéro ). — Sarcophages et momies.
. Le 1 . janvier 1820, nous partîmes à neuf
heures et demie du matin, en suivant la vallée
d’Ayn-Beledy dans Test. Des herbages , des as-
clepias , des tamarix et quelques petits marais
que nous trouvions sur notre route, nous annonçaient
la proximité de l’oasis. Bientôt nous
aperçûmes les dattiers. Avec quel plaisir nous
découvrions cette riche verdure , au milieu des
sables du désert, après avoir essuyé tant de
fatigues, dé soucis et de privations! La végétation
me paraissait encore plus belle , quand je
pensais aux rigueurs de l’hiver qui régnait alors
dans presque toutes les contrées de l’Europe.
Nous fîmes halte durant trois quarts d’heure
pour donner à manger à nos chameaux ; les
fortes marches que nous leur avions fait faire
les jours précédens les avaient extrêmement fatigués
: ici il fallut en abandonner un qui ne
pouvait plus se soutenir. A midi, nous arrivâmes
à el-Qasr, le plus gros village de cette oasis que
les Arabes nomment çl~Ouâh el-Bahrueh,
comme la plus septentrionale des oasis voisines
de l’Egypte. En approchant de ce village, nous
rencontrâmes le eheykh qui venait au devant
de nous pour nous faire l’offre de sa maison :
nous nous y rendîmes aussitôt. Ses femmes se
retirèrent en nous voyant, mais sans se couvrir
la fi gure : ces femmes, jeunes et assez blanches,
étaient les premières que nous eussions vues depuis
près de trois mois ; aussi les trouvâmes-nous
fort belles. Tous les principaux habitans se réunirent
chez le eheykh Moussa, chef et cadi du
village; bientôt nous fûmes entourés d’une foule
d’Arabes. On apporta deux grands plats de bois,
pleins de viande de chèvre bouillie, trois plats
de riz , des gâteaux de froment et des dattes.
Nous nous assîmes à terre sur des nattes , selon
l’usage du pays. D’abord on fit circuler un
poêlon d’eau chaude, dans lequel nous nous lavâmes
tour-à-tour les mains ; cérémonie qui se
répéta à la fin du repas. Chacun mangeait avec
ses doigts, mais jamais de la main gauche : nous
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