Par bonheur il trouva le nom de Souakin, il en
fit de lui-même le nom de Syouah; et, très-
content de sa découverte, il se moqua des écrivains
du Kaire. II faut, dit-il, qu’on y connaisse'
bien peu notre ville, pour avoir si mal écrit son
nom. Je remerciai la providence qui m’avait
si bien servi : c’était au cachet de Mohammed-
Aly que je devais mon succès. Le firman passa
de main en main entre les cheykhs. Ils me demandèrent
ce que je voulais voir : les anciens
monumens, répondis-je. Mais pour cela, dirent-
ils , il faudrait parcourir le pays. Des gens du
peuple, prenant aussitôt la parole, firent des
objections : il discutèrent entre eux, et Aly,
au nom des autres cheykhs, me dit qu’avant
tout il fallait qu’ils sussent ce que leur écrivait
le pacha; qu’ils ne pouvaient lire cette écriture;
que tout ce qu’ils pouvaient faire pour moi était
d’envoyer le firman à Alexandrie, et qu’après
qu’ils en connaîtraient le contenu, je pourrais
alor&voirie pays. Je consentis à ce parti, affectant
autant que possible un contentement que
j’étais loin d’avoir : je leur dis que j’aurais par-là
le plaisir de rester plus long-temps chez eux,
et qu’ils pouvaient envoyer le firman quand
bon leur semblerait, parce que je n’étais pas