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 corbeaux  que  j’avais  tués  en; route  :  j’engageai  
 quelques habitans  à partager notre  repas;  iis ie  
 trouvèrent fort bon,  et s’en retournèrent  au  village, 
   disant qu’iïs allaient parier de nos fîrmans,  
 et  se  concerter  pour  savoir  si  nous  pourrions  
 etre  admis.  Croyant  découvrir  dans  ce  village  
 quelques constructions antiques,  je tenais beaucoup  
 à y pénétrer.  * 
 Cette  journée  ,  nous  éprouvâmes  une  assez  
 forte  chaleur;  le  thermomètre  marquait  7°2  à  
 six heures,  et 30°  à midi.  Tandis  que les Arabes  
 tinrent  conseil,  je  me  trouvai  assez  bien  pour  
 entreprendre  une  promenade.  Je   sortis  avec  
 M.  Letorzec,  et  nous  commençâmes  à  lever le  
 plan  du  heu  et  de  la  position  des  sources  :  au  
 retour,  nous  trouvâmes  la moitié  des  habitans  
 du village  qui assiégeaient pour  ainsi  dire notre  
 tente,  et fort étonnés de voir ce qu’ils appelaient  
 une  maison  en  toile.  Les  cheykhs  me  dirent  
 qu’ils  ne  pouvaient pas  me  laisser  ëntrer dans  
 leur  village,  parce  qu’aucun  chrétien n y   avait  
 encore  eu  accès  :  je  pressentis,  toutefois,  que  
 la difficulté  ne  serait  pas  insurmontable,  et  je  
 chargeai mon  interprète  d’arranger  l'affaire  par  
 quelques  bakchichs  ou  présens. 
 Le  17,  à  l’aide  de  M.  Letorzec,  j’achevai  
 la  topographie  de  Earâfreh.  Les  Arabes,  
 étonnés  de  nous  voir  parcourir  tout  le  p ay s,  
 examiner  leurs  sources,  et  écrire  continuellement  
 ,  demandaient  à  Ismayl, mon  interprète,  
 ce  que noüs cherchions ;  celui-ci  leur disait  que  
 c’étaient des  beïad-koufâr  [ villages  des  païens].  
 Ces  réponses  ne  dissipèrent  pas  leurs  craintes ;  
 ils  disaient  que  nous  mettions  leur  village  sur  
 des papiers ; que  ces papiers  pourraient un  jour  
 servir  à des  étrangers,  comme  des  titres  pour  
 prendre  possession  de  leurs  terres,  en  qualité  
 d’anciens maîtres  du  pays. Ce  peuple  simple  et  
 superstitieux supposait  qu’un  droit  de propriété  
 pouvait s’établir de cette manière. 
 Au  moyen  de  la  chambre  obscure,  je*.pris  
 une vue de  leur village ,  et  sans  qu’ils  s’en  doutassent  
 ;  il  me  fut  d’autant  plus  fâcile  de  les  
 tromper,  que  j’étais  éloigné  de  ce  village  et  
 que j’y tournais le dos. Lorsqu’ils virent cet appareil, 
   ils  accoururent  en  foule en me  demandant  
 ce  que  je  faisais.  Je plaçai M.  Letorzec  à  côté  
 de m oi, tenant en main la lunette astronomique,  
 tournant comme moi le dos  au  village ;  il  faisait  
 semblant  de  regarder  le  soleil  :  j’étais  censé,  
 ainsi  que  lu i,  l’observer dans ma  bîote,  et  pen