des moutons et de la viande séchée au soleil,
du froment, des harams, des couvertures en
laine, des bernouss ou manteaux d’Arabe, des
chaussures en maroquin jaune, et des tarbouchs:
Toutes ces marchandises y sont fort estimées,
même en Egypte, où elles arrivent par Derne et
par la route des pèlerins. Le Fezzân fournit aux
gens de Syouah du soufre pour leur consommation
: ils reçoivent leurs bijoux d’argent, comme
bracelets et Colliers, de la Barbarie, en échange
contre diverses marchandises , telles que les
dattes, qu’ils récoltent en abondance, et de
l’huile, mais en petite quantité, ainsi que des
abricots secs. Ils vont à la petite oasis acheter
du riz rougeâtre qu’ils échangent contre de
l’huile, mais qui est bien inférieur en qualité à
celui de la basse Egypte. Leurs besoins se bornent
à si peu de chose, que les caravanes,
principalement celles de TÉgypte, sont souvent
obïi gées d’acheter leurs dattes en gourdes d’Espagne;
quand ils reçoivent les piastres turques
de quarante parais, c’est pour les échanger
aussitôt qu’il arrive une caravane. Ils sont obligés
à leur tour d’acheter les marchandises de Barbarie
avec des piastres. L’intérêt de leur commerce
les porte à avoir beaucoup d’égards pour
les caravanes qui viennent chez eux. Ils ont
coutume de nourrir les chameaux de ces caravanes
: le matin, ils leur donnent une mesure
de dattes ; le soir, de la paille hachée : ils nourrissent
même en partie. les Arabes, en leur
distribuant chaque jour un plat de lentilles ou
d’autres légumes, qu’ils ont eu l’attention de
préparer avec de I huile.
A Syouah on n’a point l’usage de la balance;
on vend toutes les marchandises à la mesure
ou au lot. Quand un boucher tue un animal,
la viande est coupée en très-petits morceaux ;
il la partage en lots, et il les vend en proportion
du prix qu’il demanderait de l’animal
entier. . ,
Quant au dialecte de Syouah, je donnerai
plus loin une liste des mots que j’ai recueillis.
L’aspect extérieur de Syouah ressemble assez
à celui d’une forteresse : la forme de la ville, et
l’agglomération des individus que renferme cet
obscur séjour, pourraient aussi la faire comparer
à une ruche *. Elle est bâtie sur un rocher de
forme conique, et est fermée par des' murs
auxquels sont adossées des habitations : ils
* Voyez ïe Voyage à l’oasis deXSyouah, &C. , pag. 13 et
suivantes , et planche X.