Couverture, et y conserva , pour recevoir les
blés et les autres marchandises de la Haute-
&yp^e » un certain nombre de barques. Je dus
laisser la mienne pour en prendre une autre
sur le canal, et je partis le soir du même jour ;
ie lendemain 23, à l’entrée de la nuit, j’arrivai
à Alexandrie.
La triste vue des deux rives du canal, où rien
ne végète, rend la navigation très-ennuyeuse;
sa longueur est de 80250 mètres [ 18 lieues
environ]; sa largeur est de 35 mètres; sa pente
est peu rapide : il est formé en partie par l’ancien
canal dé Rahmanyeh, et il débouche dans
les deux ports d Alexandrie ; c’est au vieux
port qu arrivent toutes les barques ; à l’approche
d’Alexandrie et durant les basses eaux ; les filtrations
du lac Maréotis en rendent l’eau saumâtre.
Il traverse des ruines d’anciennes villes : on
trouva, en fouillant, des débris de Constructions
suc les bords du canal, ainsi que les fohdations
d un pont, formées de futs de colonnes, quelques
beaux morceaux d antiquités que les consuls
s’arrachèrent > plusieurs lingots d’or que le
gouvernement réclama, et sous une pierre de
fondation, une plaque d’or cachée entre deux
tuiles, portant une inscription grecque tiiii est
la dédicace d’un temple à Osiris, monument élevé
par Ptolémée Evergetes. En voici la traduction :
« Le roi Ptolémée, fils de Ptolémée et d’Arsinoë,
» dieux adelphes, et la reinç Bérénice, sa soeur
» e t sa femme, dédient ce temple à Osiris.»
Cette plaque fut envoyée en présent par Mohammed
Aly à l’amiral sir Sydney Smith.
Les ingénieurs tu rcs, à qui le travail fut
confié, crurent qu’il n’y avait qu’à creuser et
enlever de la terré, et qu’on pouvait donner
nombre de sinuosités au canal, puisque le Nil
en a aussi. Mais surprises par les vents dans ces
coudes étroits et par des courans rapides , un
grand nombre de barques y ont péri. On ne tarda
pas à sentir la nécessité d’avoir recours à des Européens
pour s’assurer du nivellement. M. Coste,
architecte français , fit exécuter d’importans
travaux : les écluses qu’il proposa de construire
à l’embouchure, auraient été de la plus grande
utilité; mais on s’effraya des dépenses. Les
Turcs n’entretiennent rien; aussi déjà ce canal
menace-t-il ruine. II a coûté environ 7 millions
500 mille fr. On prétend que trois cent
douze mille fellâh y travaillèrent pendant dix
mois : ces infortunés étaient envoyés sur les
lieux, sans qu on eût pris le soin de pourvoir à