fréquentes dans le désert. Le cheykh Kouroum
me conta qu’il y avait été pillé cinq fois, sans
dire combien dè fois il avait pillé lui-même ; car ,
depuis peu d années seulement sa réputation était
devenue meilleure.
II arrive quelquefois que deux caravanes,
étant en vue l’une de l’autre, et quand elles se
trouvent dans des montagnes qui ne permettent
pas de s’écarter, s’arrêtent, frappées d’une crainte
réciproque, et restent ainsi plusieurs jours de
suite sans faire aucun mouvement; puis, dès
qu’une grande partie de leur eau et de leurs
provisions est consommée, elles se rapprochent
et cherchent à se reconnaître : amis, on s’embrasse
; ennemis, on en vient aux mains, les plus
forts prennent lés chameaux et s’emparent des
marchandises. .
Nous marchions sur une plaine couverte
d’inégalités. On atteignit une partie du désert
appelée Chegueg, garnie de quelques petits
herbages pour les chameaux : nous y campâmes
à deux heures 1
Le 24, nous partîmes à sept heures et demie
du matin. Après une heure de marche, nous traversâmes
une route allant de Syouah au village
de Omm el-Soghayv ou el-Gfivah : le sol’ était
couvert de petits monticules. Au sud de notre
route, nous voyions la montagne de Mertozek,
où est une source d’eau douce, et un long banc
de sable. Au nord était la chaîne de montagnes
nommée aussi el-Garah. Après dix heures un
quart de marche, on campa à Meïmât el-Bahr.
c’est le nom de cette partie du désert.
Le 25, nous partîmes à sept heures, nous
dirigeant dans l’est quelques degrés sud. Pendant
toute là matinée, nous traversâmes un
désert présentant un aspect singulier : c étaient
une multitude de petits rochers saillans, qui
masquaient notre vue de toute part. Tout le
sol est calcaire , rempli de fossiles , shr-tout de
nummulites ; j’eri recueillis plusieurs attachées à
la roche, et d’autres isolées, très-grandes, entre
autres une de deux pouces de diamètre*. Je trouvai
aussi près de là des grès d’une cristallisation
confuse , épars sur le §ol, et qui paraissent y
avoir été entraînés avec les bancs de sable.
Bientôt nous découvrîmes une vallée basse
avec beaucoup de dattiers et d’herbages : c’est
en cet endroit que nous devions faire de l’eau;
mais le cheykh Kouroum craignait d’y trouver
des Ghâzys, Bédouins qui pillent les caravanes
* Voyez planche LXV, vol. II.