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 village  extérieur ,  qui ne contient  que  des veufs  
 et  des garçons.  Ii est permis  toutefois  à  ceux-ci  
 d aller  de  jour  dans  la  vilïe  pour  y  voir  leurs  
 parens  et  leurs amis  : mais ils  doivent  en  sortir  
 avant  le  coucher  du  soleil. 
 Le  caractère  des habitans  de Syouah  est  naturellement  
 porté  à  ïa  méfiance et  au soupçon;  
 ils  sont  opiniâtres,  indociies,  d’humeur sombre  
 et  inquiète,  farouches  et  jaloux  à  l’excès.  Un  
 frère  n’ose  point  entrer  chez  sa  belle-soeur,  si  
 le  mari  est absent ;  il  en  est de même  d’un  ami  
 chez  son  ami;  dès  qu’on  le prévient  à la  porte  
 que le mari est sorti,  à  l’instant il se retire. Celui  
 qui  s’arrête près d’une autre porte  que fa sienne,  
 devient  suspect.  Fanatiques  et  superstitieux  ,  
 ces  hommes  sont  exaltés  en  toute  chose.  Les  
 Arabes  des  bords  du  Nii  les  redoutent  comme  
 tels;  ils ies traitent de  sauvages,  et les appellent  
 abyd, nom qu’on donne aux nègres de l'intérieur  
 de l’Afrique. 
 Quoique  leur  caractère  soit très-ombrageux,  
 les  habitans  de  Syouah  sont  cependant  hospitaliers. 
  Les indigens,  les étrangers, peuvent aller  
 sur  ïa  place  publique  où  sont  exposées  les  récoltes  
 des dattes,  et  en  manger  jusqu’à  satiété, 
 sans  que  ïes  propriétaires  leur  demandent  rien.  
 Toutefois  il  leur  est  recommandé  de  n’en  
 pas  prendre  toujours  au  meme  tas,  et de  n en   
 pas  emporter.  Ils  doivent  manger  les  dattes  
 sur  le  lieu  même ;  autrement  ils  courent  ie  
 risque  d’essuyer  de  mauvais  traitemens.  Une  
 place  couverte  est  préparée  pour  l’usage  des  
 étrangers  !  on  a  soin  d y  entretenu  constamment  
 des  outres  pleines  d’eau  fraîche.  Ce  
 lieu  est  exposé  à  recevoir  souvent  de  malheureux  
 voyageurs  dépouillés^  et  maltraités ,  
 comme  je  l’ai  dit plus  haut,  par  les Arabes  du  
 désert. 
 II  règne  entre  les  habitans  une  confiance  
 absolue. Le marché  des  dattes  est  un vaste  emplacement  
 de  trois  cents  pas  de  long  sur  deux  
 cents  de  large  :  là,  chaque  propriétaire  dépose  
 tout  son  avoir,  qui  consiste  en  un  énorme  tas  
 de  dattes;  à un pas  de  distance  est  celui de  son  
 voisin :  il  serait facile de  grossir  l’un aux dépens  
 de l’autre, mais cela n’arrive jamais ;  ïa confiance  
 réciproque  e$t  leur  gardien  le  plus  sûr. 
 Les  habitans  de  la  ville  de  Syouah  o n t,  
 comme  je  l’ai  fait  observer,  un  sentiment  de  
 dédain  pour  ceux  des  villages  de  Gharmy  et  
 de  Menchyeh,  parce  que  ceux-ci  n’observent