
encore de Vainqueur, Debellatori ; de Victorieux, Viclori ; d’invincible,
Inviclo ; de Pacifique, Pacifero ; d’immortel , Immortali -, enfin celui de
Très-Saint, Sanclifflmo. O n lui trouve ce dernier dans une infcription , &
il lui fut donne tant a caufe de fes vertus & de fa piete envers les Dieux ,
fur-tout envers Jupiter fon père, que par rapport aux grandes aétions & aux
pénibles travaux qu’on lui attribuoit, & qui avoient la plupart pour objet la
vengeance & la délivrance des Peuples, ou des particuliers en proie aux Tyrans
qui les opprimoienc, ou aux monftres qui ravagoient leurs campagnes.
Le nombre des titres & des qualités d’Hercule s’accrut beaucoup par l’em-
prefTement des Peuples à lui montrer leur reconnoiffance, en l’honorant d’un
culte particulier, par la Religion des Princes qui lui ont été le plus attachés, &
qui fe font étudiés à l’imiter, & par la célébrité des lieux où il s’eft diftingué.
O n l’appelle, par exemple, fur les Médailles, Hercule d’Ërimanthe, Herculi
Erimantino, à caufe de ce fanglier furieux qui defoloit tout le Pays, & qu’il
tua fur la montagne d’Arcadie, qui portoit ce nom. On le nomme Hercule
de Lyb ie, Herculi Lybico, pour avoir étouffé entre fes bras le Géant Antée ,
qui s’étoit retiré dans les forêts de la L yb ie , où il attendoit, p illo it, & tuoit
les voyageurs qui tomboient entre fes mains. Il a le furnom de Gaditain, Herculi
Gaditano, fur une Médaille d’A drien, parce que c’efl a Gadès, aujourd’hui
Cadix, en Efpagne ,o u , bornant le cours de fes victoires, il planta les
fameufes colonnes, qui depuis fervirent à l’ornement du Temple qu’on bâtit
à ce Dieu tutelaire. O n lui donne encore les noms de D eufonien, Magufain,
Romain, Herculi Deufonienfi, Ma gu fa no , Romano, & cela fur certains
revers de Médailles des Pofthumes, parce qu’il eut des Temples, & qu’il fut
particulièrement adore chez les Romains, que l’on connoît, & chez les Deu-
foniens & les Magufains dont il ne nous refte rien de certain, ni par rapport
à leur pofition , ni par rapport à leurs noms. l’Empereur Commode , qui
fe vantoitde defcendre de Jupiter, par Hercule, & d’imiter ce dernier dans
fes voyages, entreprifes & conquêtes , prit fon nom, & lui donna le lien, par
forme d’adjeCtif, Herculi Commodiano, â Hercule Commode. Il y a aulïi
un Hercule Mufagète, que l’on voit â la tête des Mufes, fur certains Monu-
mens : on en parlera au titre des Mufes,
Hercule fu r les Médailles.
O n a repréfenté Hercule, à la face des Médailles, avec unetête, tantôt jeune
& fans barbe, tantôt vieille & barbue : quelquefois cette tête eft couverte de
la dépouillé d’un L io n , qui fe renoue aiffez fouvent fur la poitrine. On
fuppofe qu’il ne prit cet ornement qu’après avoir étouffé entre fes bras le Lion
d’une enorme grandeur , qui, depuis quelque temps, fe faifoit redouter dans
la foret de Némée.
A u revers des Médailles, on le repréfente fous raine figure humaine, d’une
grandeur & d une groffeur cololfales , avec fa maffue, fon arc, & la dépouille
du Lion. D e quelque manière qu’il puiffe être gravé fur les Médailles, il eft
toujours accompagne de quelques-unes de ces trois, marques diftinéfityes, fou-
vent de toutes les trois enfemble : une maffue feule , ou un arc & un carquois j
lui fervent de fymboles fur plufieurs Monnoies, & fur d’autres Monumens.
Nous le donnons de neuf façons à la planche VIIIe. nos. 14. zy. ré . z/.
z8 .1 9 .3 0 .3 1 .& 3z .: i°. c’eft fa tête, on celle de Commode, couverte de
la peau du Lion ; z°. c’eft Hercule aux prjfes avec l’Hydre de Lerne ; 30.
c’eft Hercule qui terraffe, & qui prend la fameufe Biche ou plutôt le C e r f
au bois d’or ; 40. il eft repréfenté étouffant le Lion de Némée ; y°. i l porte à
Euryfthée le furieux Sanglier d’Erimanthe ; 6°. il combat Hippolyte, Reine
des Amazones j 7°- il dre Cerbère de l ’Enfer ; 8°. Hercule fe repofe de fes
travaux I 90. enfin, c’eft Hercule Mufagète jouant de la Harpe. Après
l’avoir vu de tant de façons, on pourra aifément le reconnoître par-tout où
il fe rencontrera, fur la toile, fur les pierres, fur le bois, ou fur les métaux.
S e c t i o n X X I V .
D e la Déejfe Hippone ou Épone , félon l’Écriture Hiéroglyfique.
Il y a bien de l’apparence qu’Hippone & Épone ne furent dans l’origine
qu’une même Déeffe , & que, f i , dans la fuite, elles en ont fait deux différentes
, cette multiplication doit être regardée comme l’effet d’une pieufe émulation
entre les Palefreniers ôc les Muletiers, qui auront voulu avoir chacun la leur :
fans cette émulation , ces deux prétendues Divinités n’euffent jamais eu aucune
difpute fur le rang : du moins pour la j uger il eût fallu avoir recours a la
date de leur Apothéofe , & donner la prééminence au droit d’anciennete, &
non à la noblefle de leurs fondions. Toutes les deux furent des Divinités d’é-
tables : Hippone préfidoit à celles des Chevaux, & Épone à celles des Mulets ;
mais dans le cas où l’ancienneté ne feroit d’aucune confidération, il paroîtroit
affez naturel de régler leur rang & leur dignité fur le mérite & la fupériorité
que peut avoir l’une de ces deux efpèces d’animaux fur l’autre.
En remontant à leur origine, & fuivant les principes que nous avons pofés
d’après M. Pluche, nous leur donnerons la même origine qu aux autres
Divinités, & nous les ferons filles d’une Enfeigne, d’un Symbole , de quelques
figures & lettres.de l’Ecriture Hiéroglyfique, d’une des Clefs pour'
l’ouverture des Fêtes, d’un Tableau, d’une Gravure enfmmxpofee pour fervir
d’annonce 3 car tous ces mots font fynonymes. Conformement a cette idee,
nous trouverons que quelques figures d affiches, dont ces deux noms Hippone
& Epone annonçoient le fens, auront été perfonnifiees, & qu elles feront entrées
enfuite dans le C ie l, où l’ignorance &c les befoins des hommes les auront
placées, dans un temps où il étoit ouvert a toutes les productions de 1 imagination
la plus déréglée.
Les Palefreniers & les Muletiers s’attachent ordinairement aux animaux
confiés à leurs foins. Pour leur procurer la force & la vigueur , ils ne fe
contentent pas de leur donner la nourriture convenable ; ils veillent encore
nuit & jour à leur confervation 3 ce qui les oblige a habiter continuellement
les étables, où ils ont beaucoup à fouffrir de la puanteur qui infeéte ordinairement
ces fortes de lieux. C ’eft donc pour trouver quelque foulagement a
l’inconvénient d’une odeur qu’ils ne ftipportênt qu avec peine , qu ils pensèrent
â choifir une Déeffe en même-temps qu’ils en erqprent une autre ,
pour lui demander l’abondance des foins & des avoines neceffaires aux chevaux
& aux mulets. Les figures & les lettres de 1 Ecriture Hiéroglyfique
expofées pour fervir d’annonce aux fêtes de la récolte des foins & de la moif-
fon , avec celles qui indiquoient les fêtes du Printemps, leur fournirent
l’une &c l’autre. Ifis, ou Cerès , avec le boiffeau fur la tete &r quelques épies
en main, leur parut propre à former la Déeffe de 1 abondance, a laquelle
ils dévoient adreffer leurs voeux & leurs prières pour obtenir les herbes &