
j j l INTR.: A LA SCIENCE DES MÉDAILLES. C h a p . X X .
& dans lequel on représentera des faits fuppofés, inconnus , ou contraires
à lHiftoire & à la Chronologie , doit être fufpect : lorfqu’ii fe pré-
fente des Médailles de cette efpèce, il eft néceflaire de confulter quelqu’ha-
bile Antiquaire avant d’en faire l’emplette. On peut encore, pour juger
Sainement de ces pièces, employer une partie des moyens que nous
ayoris détaillés dans les premières Seétions de ce Chapitre. On doit enfin
éprouver le titre de l’or & de 1 argent de ces Médaillés nouvelles & extraordinaires
, & en faire la comparaifon avec celui d’autres pièces dor &
d’argent antiques du temps & du lieu où l’on fuppofe que ces pièces a
vendre ont été frappées ; c’eft un bon moyen de fe garantir de la plus
grande partie des fraudes que l’on emploie pour faire acheter bien cher
ce qui n’eft d’aucune valeur.
S e c t i o n X.
Dans laquelle on rajfemble plufieurs Obfervations fu r les M édailles imitées t
contrefaites , fuppofées , &c.
Avant de finir ce Chapitre, il ne fera pas inutile de placer ici quelque*
obfervations générales au fujet des Médailles fuppofées, refaites, imitées,
& autres artificielles enfantées par l’avidité du gain.
Premièrement, les marques de fauffeté donc on a parlé dans la Section
II., concernent particulièrement le grand bronze : cependant elle? peuvent
aufÉs’appliquer aux Médaillons, & à tout ce qui eft contrefait, en quelque
métal que ce foit.
Secondement, on n’a ordinairement altéré ou contrefait que le* Médailles
& Médaillons les plus rares & les plus eftimés ; auffi trouve-t-on peu
de Médailles Confulaires contrefaites. Celles de bronze des douze premiers
Empereurs, le Tibère fur-tout, enfuire l’Othon, le Vitellius, lePertinax,
les Gordiens d’Afrique , l’Agrippine de Claude , la Domicia , les trois
femmes de la famille de Trajan, favoir Plotine fa femme , Marciane fa
foeur, Matidie fa nièce , fille de Marciane, l’Annia Fauftina, la Tran-
quilline, & autres Têtes rares ont été fouvent imitées ou contrefaites :
c’eft donc fpédalement de ces Médailles dont il faut que les Curieux fe
défient quand on leur en propofe à acheter.
Troifièmement, quoique les Médailles imitées ou contrefîmes > comme
celles du Padouan & autres d’un auffi beau burin, ne doivent point être
placées parmi les antiques , il ne faut pas les rejettes entièrement : ®n
peut en former de très-belles fuites. Toutes les Médailles moulées ne doivent
point être également méprifées, parce qu’il y en a qjii font véritablement
antiques, & qui méritent d’entrer dans tous les Çabinets : tellçs
font d’abord ces pièces d’un volume énorme, qui ont anciennement feryi
de poids & qui repréfentent la Tête de Rome ou des Ptolémées , Rois
d’Égypte : telles font auffi, du moins pour la plupart, ce« Médailles de
potin qui ont été moulées fous les Empereurs : ce? dernières font grecques,
de la fabrique d’Antioche ou de quelques autres Colooicf. Une partie des
Médailles de grand & de moyen bronze des deux Pofthum«? font encore
dans le même cas. Ces pièces moulées confervenr & annoOfCOP W goûc
antique qui raffine d’abord , & qui les empêche de les confondre avec ,!cs
modernes.
D É S F R A U D É S , SU R LE S M É D A IL L E S . y y j
modernes, pour peu qu’on foit accoutumé à voit des Médaillés, & quoâ
les* examine avec attention.
Quatrièmement, les réglés générales qu’ôn a données dans la Seétion
III. pour difcerner les Médailles moulées modernes , ne doivent pas s’appliquer
a toutes les pièces, par plufieurs raifons : la première parce quil
peut fe trouver de ces Médailles q u i, quoique moulees, peferonr autant
qu’une pièce antique frappée , qui dans fa circonférence ou fon épaifltur
aura un peu moins de volume que la moderne ! en fécond lieu , il y a
des Médailles antiques fi bien confervées , qu on les ; prendrait poiir des
modernes , comme il-;y en a de ces dernières qui Ont tout l’air de?
antiques : en troifième lieu il fe trouve des vraies pièces antiques limées,
repolies ou recouchées par des perfonnes qui naimoienrpas fans doute le
vernis de l’Antique, pu qui vouloient découvrir avec plus de facilité le?
Types & les Légendes, ou enfin qui defiroient de les enckaffer dans differens
ouvrages : on ne peut par confequent appliquer a une feule pièce toutes
les règles que l’on avance pour difcerner les Médaillés antiques d avec les
modernes ; mais il y a peu de çes_ modernes qu’on ne piaffe découvrir ail
moins par quelques-unes de ces mêmes règles : il fuffit qu-on puifïe remarquer
dans les Médailles un feul des defauts dont on a parlé , pour les
chaffer de la claffe des antiques, & les reléguer parmi les modernes. ^
Cinquièmement, les Médailles ineufes & les Contorniates peuvent ërre
rarement fufpe&es , par la raifon quelles ne font ni affez intérefl'antes ni
allez eftimées pour chercher a les contrefaire ; d ailleurs le procédé en ferait
fort difficile ; ce qui eft plus que fuffifant pour ecarter la tentation.
Sixièmement, les Médaillés contre-marquées ne peuvent être imitées
que par l’ancaftillement , contre lequel ôn peut fe précautionner comme
on l’a marqué ci-devant. O n fait que les Romains Ont eu recours a la
Contre-marque lorfqu’ils ont eu befoin de changer le prix que les Môn-
noies avoient eu d’abord, pour leur en donner un plus haut. Ces Contre
marques repréfentent quelquefois un Cavalier , d autres fois une TeCô
d’Empereur, de Prince ou de Princefl'e : fouvent, ce ne font que des lettres
initiales ou des mots commencés, comme on peut le voip dans nos Planches.
O n prétend que les Fauffaires n’ont pas encore effayé d’imiter les Contre-
marques F auffi les regarde-t-on comme une preuve indubitable d antiquité.
Enfin, quoiqu’on doiye fe défier des Médailles qui n’ont point encore
paru il faut cependant examiner avec foin celles qui fe prefentent, & ne
les pas rejetter ou fondre avec trop de précipitation. On découvre tous les
jours quelque partie des tréfors que la Terre renferme dans fon fem : ce n eft
même que depuis peu de temps qu’on a vu entrer dans plufieurs Cabinets des
Pefcennius d’o r , des O thons de bronze & des Vetramô dor & a r g e n t ;
Médailles extraordinaires & inconnues jufqua prefent : les riches collections
de M Pelerin & de M. d’Ennery pourraient nous en fournir plulieurs
autres’ 'exemples. Ce dernier vient encore d’acquérir une Médaillé dor
de Vitalianus, Tyran peu connu, qui , apres avoir pris la Pourpre fous
le rè°ne d’Anaftafe , remporta plufieurs victoires fur les Generaux de
cet Empereur , s’empara de la Thrace où il étoit n é, de la Moefie &c
d’autres Provinces voifines, & fe foutint fur le Trône contre toutes les
forces de l’Empire, jufqua ce que 1 Empereur Juftin le fit aftaffiner dans
fon Palais, où il l’avoir attiré fous prétexte d’amitie.
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