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D e la J&uneJJe.
Il n’eft: pas étonnant que la Jeuneffe ait été mife au rang des Divinités,
dans des tëinps où l’on prenoit pour un Dieu tout ce qui paroiffoit bon,
ftoriffant, agréable & avantageux.
Ôn a repréfenté cette Déeffe de plufieurs façons, fut les Médailles , conformément
aux idée» qu’on s’en étoit faites. Quand on la confideroit en elle-
même , abftracHon faite des perfônnes ou des chofes dans léfquelles on pouvoir
la rencontrer, elle paroilfoit fous la figure d’une jeune femme , qui,
comme Déeffe, tenoit une Patère d’une main , & répandoit de l’autre des
parfums ou des grains d’encens fur un autel. Lorfqu’on l’admiroit dans un
jeune Empereur, comme dans Marc-Aurèle, on le repréfentoit lui-même
babillé comme Prince de la Jeuneffe, ayant une branche de laurier dans la
main droite , & un fceptre dans la gauche, avec un trophée derrière lui.
Quelquefois on ne donnoit à la figure Impériale qu’une hafte & un globe ;
d’autres fois , pour marquer la force qui accompagnoit la Jeuneffe d’un
Prince, on faffoit graver un Hercule au revers dès Médailles, & on lui
mettoit le globe & la dépouille d’un Lion à la main droite , & la maffue à
la gauche, ou la dépouille fans globe dans une de fes mains , & la maffue
dans l’autre. Si la vérité ou la flatterie trouvoit que l’Empire avoir acquis
une nouvelle force , une nouvelle vigueur , & qu’il étoit comme renouvelle
& rajeuni par quelque Victoire , on repréfentoit l’Empereur, qui l’avoir
remportée, fous la figure d’un jeune Prince debout, habille en Militaire ,
tenant d’une main la halte pointée à terre -, & de îautfe un globe, fur lequel
on voit une petite figure de la Viétoirè. Alctfs la légende porté-, Jwvéntd
Imperii ; la Jeuneffe , ou le renouvellement de l ’Empire. Sur d’aütrès Médailles
, on ne lit que Juventus, ou Juventas *, fans aucune -addition. Ce mot
fe trouve aufli feul & fans Typ e, en forme d’iUfcription| au milieu d’une
couronne de laurier, au revers de quelques Médailles.
On donne trois revers differens de certe’ Divinité, à la planche XIIIe.
nrs. 36. 37. & 3 8. 'C’eft la Jeuneffe comme Divinité, dan» le premier; e'elt
la Jeuneffe dans Marc-Aurèle, fur lé fécond; enfin c’éft la Jêanèflè domine
renouvellement vrai ou prétendu de l’Eriipire-, fous Caracafk , dans le ïrei-
fième. Les autres revers. font encore plus Biles B reeo'iâioitre -, 8c :il fëroit
inutile d’en donner davantage fur nos planches.
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D t l’Indiilgênôe;
C ’eft ici a-peu-près la même Divinité que la Clémence ; du moins fi
c’en eft une autre, elle en approche beaucoup. L ’Indulgence eft repréfen-
tée, au revers des Médailles, fous plufieurs formes différentes. Sur quelques
revers, on la montre comme une Divinité ; & elle en a les attributs, ab-
ftraétion faite des Perfonnages en qui on la rencontre : fur d’autres, on en
fait un Homme, ou une Femme. On lui a donné par-tout des attributs, des
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fymboles &C des attitudes relatifs à l’idée qu’on s’étoit faite d’une vertu &
d’une qualité fi aimable & fi défirable, fur-tout dans les Princes & les Grands :
on a même eu égard aux temps, & aux circonftances où les Empereurs ont
fait éclater leur Clémence & leur Indulgence.
O n la voit fous la figure de Junon, de Cybèle 5c de quelqu’autre Divinité
tantôt aflifefurun Lion, fur un globe, ou fur unfiege, tantôt debout
& tantôt penchée & accoudée fur une petite colonne. Dans certains Types,
elle tient une Patère ,,, un Sceptre, un Bâton ou la Foudre , une Pique ,
une Fleur , un Rameau, & quelquefois une Corne d’Abondance 1 d’autres
fois elle lève, ou elle étend une main, & tient une Pique de l’autre. O n fait
que la Patère & le Sceptre font les fymboles des Sacrifices que l’on offre aux
Dieux, & de la puiffance qu’on leur attribue. La Pique, que l’on a donnée
à l’Indulgence, & la Baguette dont elle tient quelquefois l’extrémité fur un
globe, défignent encore fouvent une Divinité. La Foudre quelle femble
fufpendre , & l’Abondance dont elle tient le fymbole dans la Corne d’A -
malthée , ne caraétérifent pas moins fon effence divine ; aulïî dans la plupart
de ces T yp e s , l ’Indulgence a été regardée en elle-même, & comme une
Déeffe. _ /
U y a aufli quelques Types où l ’on a confidéré\ l’Indulgence comme
une bonne & charmante qualité , dont les Empereurs avoient fait fentir les
effets foit à tous leurs fujers, foit à quelques-uns d’entr’eux, comme à ceux
d’Italie foit â des ennemis ou à des fujets rebelles, vaincusou réduits, comme
à ceux de Carthage : alors les légendes portent, Indulgentia Augufii, ou Au-
gufiorumin Italiam , inCanhaginem ; Indulgerdoe fecundoe , &c. Lorfqu’un
Empereur a donné des preuves de douceur & de bonté après une victoire ,
l ’Indulgence a été repréfentée fous la figure d’une Viétoire, portant une palme
d’une main, & une couronne de lauriers .de l’autre.
O n a encore marqué l’Indulgence des Princes fous la figure d’un Empereur
haibiM'é à la Militaire, qui tient une efpèce de pique d’une main , & qui
-a derrière lui deux Enfeignes militaires; c ’était.peut-être pour défigner leur
■ Indulgence envers les Soldats & leurs Armées.
L ’Empereur Poftliume alfis & couronné de laurier , tenant le fceptre de
la main gauche, & tendant la droite à une figure q u i, â genoux devant lu i,
femble implorer fa clémence, paraît accorder quelque grâce, a un Peuple , a
une V ille , ou même a un Particulier : lalegende 1 annonce en ces tenues,
Indulgentia pia Pofthumi Aug.
O n en trouvera trois Types dans nos planches , dont deux aux n .3 9* ^
qo. de la planche X IIIC- & 1 autre a la planche X IV . n . 1.
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D e la. Joie.
■ La Joie , adorée par les Anciens fous les noms Latins, Hilaritas., Loeti-
Ùa , Gaudium, fut confidérée , comme plufieurs autres Divinités, en elle-
même, & fans égard aux Perfônnes, aux Peuples qui la reffentoient, & aux
differens fujets qui la répandoient. Elle ell repréfentée de plufieurs façons,
fur les Médailles, relativement aux idées qu’on enavoit. Voici fes principaux
fymboles.
Sous le nom d'Hilaritas, on la voit fur quelques Types comme une femme