
nité -, auffi le quittoit-on pour y affilier en habits blanc. O n rapporte à cette
occafion un trait qui fait honneur à Horatius-Pulvillus. I l faifoit la Dédicace
du Temple du Capitole lorfque fes ennemis , pour troubler la ceremonie,
'vinrent lui annoncer laTauffe nouvelle de la mort de fon fils ; maisillareçut
fans s’émouvoir, & continua ce qu’il avoit commencé.
Un Temple ne pouvoir être confacré fans la Statue du Dieu qui devoit
être placée au milieu. Il y avoit au pied un A u te l, fur lequel la première
offrande qu’on faifoit étoient des legumes cuits dans l’eau, & une efpece de
bouillie qu’on diftribuoit aux Ouvriers qui l’avoient élevé.
Les noms des. Magiftrats étoient gravés au frontifpice des Temples qu’ils
avoient dé/liés. Ceux qui les faifoient rebâtir, en y mettant de nouvelles
infcriptions , n’en ôtoient pas celles des premiers Fondateurs.
4°. Les Temples étant deftinés au culte des Dieu x , on avoir égard, dans
la ftructure , à leur nature & à leurs fonctions : ainfi, fuivant Vitruve , les
Temples de Jupiter Foudroyant, du C ie l, du Soleil, de la Lune & duDieu
Fidius, dévoient être découverts. O n obfervoit cette même convenance dans
les Ordres d’Architeélure. Les Temples de Minerve, de Mars & d’Hercule,
dévoient être d’Ordre Dorique, Ordre dont la majefté convenoit â la vertu
robufte attribuée à ces Divinités ; on employoit, pour ceux de Vénus , de
Flore, de Proferpine & des Naïades, l’Ordre Corinthien, parce que l’agrément
des feuillages, des fleurs & des volutes, dont il eft orné, fympathifoit
aveclabeauté tendre & délicate de cesDeelfes ; l’Ordre Ionique, qui tenoitle
milieu entre la févérité du Dorique, & la délicateffe du Corinthien, étoit mis
en oeuvre dans ceux de Junon, de Diane & de Bacchus, Divinités dans lef-
quelles on voyoit un jufte mélange d’agrement & de majefté. Un ouvrage
ruftique étoit confacré aux Grottes des Dieux champêrres. Tous les orne-
mens d’Architeéture des Temples annoncoient au premier coùp-d’oeil la D ivinité
qui y prefidoit.
L ’afpeét des Temples célèbres étoit magnifique. O n trouvoit d’ahqrd une
grande place accompagnée de Galeries couvertes en forme de Portiques, à,
l’extrémité de laquelle on voyoit le Temple ordinairement de forme quarrée.
Il étoit le plus fouvent compofé de quatre parties, favoir, d’un porche ou
veftibule fervant de façade, d’une autre femblable pièce, à la partie oppofée,
de deux ailes formées de chaque côté par divers rangs de colonnes , & du
corps du Temple appelié Cella , ou Naos. Ces trois premières parties
nefe trouvoient pas dans tous lés Temples. Ceux qui étoient environnés de
colonnes de toutes parts, etoient appellés Périptères. O n leur donnoit le nom
de Diptères , quand il y en avoit double rang ; celui de Pfeudo-Diptères,
quand le rang de dedans en étoit retranché, & qu’il n’y ayoit que celui qui
étoit le plus en dehors ; celui de Projlyles, lorfque les colonnes formoient le
Portique fans Galerie, & celui d'Hypéthres, quand ils avoient en dehors, deux
rangs de colonnes, & autant en dedans, tout le milieu étant découvert à-peu-
près comme les cloîtres des Religieux. La plupart de ces premières pièces fe
trouvoient dans les Bafîliques , qui étoient des Hôtels publics des Villes &
des Communautés, dont on a converti plufieurs en Ëglifes.
Le ■ corps du Temple étoit fans croifées, & ne recevoit de jour que par les
portes, ou par le haut, quand il étoit fans toit.
• Quoique la partie du Temple, appellée Cella , fût deftinée au culte de la
Religion, on ne laiffoit pas d’y traiter d’affaires profanes, après les facrifîces, en
tirant des voiles qui couvraient les Statues & les Autels. Elle ne pouvoit être
dédiée à plufieurs Divinités, à moins qn’elles ne fuffent inféparables, comme
Cajlor 8c Pollux ; mais plufieurs Dieux pouvoient avoir chacun la fienne fous
un même toit ; & alors ce Temple s’appelloit DeLubrum, quoique Ce mot
foitun terme générique.
La Statue du Dieu y etoit placée ordinairement dans une Niché ou Tabernacle
qu’on appelloit OEdicula : elle regardoit le Couchant, afin que ceux
qui venoienc l’adorer, euffent le vifage tourne vers l’Orient. Autour étoit le
Sanctuaire.
Il y avoit toujours dans les Temples grand nombre de tables, de toutes
fortes d’uftenfiles & de vafes facrés. O n fufpendoit les offrandes & les
préfens à la voûte , nommée Tkolus. O n attachoit aux piliers les dépouilles
des ennemis, les tableaux votifs & les armes des Gladiateurs hors de
fervice. Tout ce qui fervoit aux Temples, comme les lits facrés, appellés PuF
vinaria , & les préfens qu’on y avoit offerts, étoit gardé dans une efpèce de
tréfor, appelié Donarium , où les Particuliers avoient auffi la liberté de mettre
leurs effets en dépôt.
Les Statues des Hommes illuftres, leurs images en bas-relief enchaffees
dans des bordures appellees Clypei votivi, & les tableaux repréfentant leurs
belles aéfions & leurs victoires, faifoient l’ornement des Temples. L ’o r, le
bronze, le marbre & le porphyre y étoient employés avec tant de profufion,
que l’on peut dire que la fomptuofité de ces Edifices étoit digne de la grandeur
i t de la magnificence de l’ancienne Rome.
On ne peut rien ajouter au refpeét que les Idolâtres avoient pour leurs
Temples. Si nous en crayons A rrien, il étoit défendu de s’y moucher & d’y
cracher ; Dion nous affure même que quelquefois on y montoit à genoux. Ils
étoient un lieu d’afyle pour les coupables, &pour les débiteurs. Enfin, dans
les calamités publiques , les femmes fe profternoient dans les lieux facrés, 8c
en balayoient le pavé avec leurs cheveux. Cependant lorfque , malgré ces
aétes de piété, les malheurs publics ne ceffoient pas, le Peuple perdoit quelquefois
tout le refpect dû aux Temples , & s’emportoit jufqu’à jetter des pierres
contre les murailles , pour marquer fon mépris & fon indignation.
L ’entrée des'Temples étoit ordinairement ouverte aux hommes & aux
femmes ; mais il y en avoit dont la porte étoit défendue aux hommes, comme
celui de Diane à Rome , dans la rue nommée Ficus Patricius, quoique les
autres Temples de cette Déeffe leur fuffent ouverts : il y avoit auffi des T emples
dont l’entrée étoit défendue aux femmes , & d’autres où le Prêtre ou la
Prêtreffe avdifnt feuls la liberté d’entrer ; quelquefois même ils n’avoient cette
permiffion qu’une fois l’année : dans quelques autres, les filles feules, & ailleurs
les garçons feuls jouiffoient de cet avantage.
Voilà ce qu’il étoit à-propos de dire des Temples, en general : aprefenr
nous allons parler en particulier de quelques-uns des principaux, comme de
celui de Bélus, de Vulcain, de D iane , d’Apollon, & du Panthéon confacré
à tous les Dieux.
Nous ne ferons qu’extraire ce qui eft rapporté, fur cette matière, dans le
premierTome de la Mythologie de M.l'AbbéBanier, &dans le Volume des
Antiquités de Dom Montfaucon, & nous nous contenterons d’examiner trois
chofes ; d’abord quels en furent les Fondateurs ; en fécond lieu, quelle forme
on leur donnai enfin, quelles en furent les richeffes.