
cipaux, qu’ils tiraient du nombre ou des noms des victimes ; favoir, le nom
d’Hécatombes, de ce qu’après les grandes vi&oires ou dans quelques calamités
publiques on offrait cent Boeufs , ou cent autres animaux , fouvent fur
cent differens Autels que l'on faifoit drefTer à ce defTein. Si on en offrait
mille ( ce qui étoit rare ) , le facrifice fe nommoit Chiliombe. Le nom de Su-
Ove-Taurïlia eft compofé des noms de trois animaux que l’on offrait tout en-
femble au Dieu Mars ; favoir , un V e r ra t, Su s , une Brebis ou un Bélier,
O v is , & un Taureau, Taurus. C e facrifice fe faifoit pour la luftration ou
l ’expiation dès champs, des fonds de terre, des armees , des villes, &c., afin
de les fandifier, les expier, ou les purifier, & pour attirer la bénédidion des
Dieux fur ceux pour qui on l’offroit. Les Su-Ove-Tauriha etoient diftingués
en grands & petits ; les petits étoient ceux ou 1 on immoloit de jeunes animaux
; un jeune Cochon, par exemple, un Agneau, un Veau : les grands
étoient ceux qui fe fàifoient avec des animaux parfaits. Avant les facrifices
on faifoit faire à ces animaux trois fois le tour de ce dont on vouloit faire
l'expiation. Le Verrat étoit toujours immolé le premier, comme 1 animal
qui nuit le* plus aux femences & aux moiflons 3 enfuite lé Belier & le Taureau.
Les Romains ne 1 offraient qu au Dieu M a rs , &c les Grecs a d autres
Divinités.
Il y avoir encore un autre Sacrifice appellé Taurobole. Il ne^ parait avoir
été connu que fous Antonin-Pie , vers lan 160. de lEre Chrétienne. On
l’offrait à Cybèle , autrement, la Mère des D ieu x , pour la consécration du
Grand Prêtre , pour l’expiation des pèches & pour la fante du Prince , où
de ceux qui l’offraient. C !'étoit une efpèce de Baptême de fang, dans lequel
on croyoit trouver une ren'aiffance fpirituelle, & dont le rit & les cérémonies
étoient différents des autres Sacrifices. Voilà la defcription qu en a faite
le Poëte Prudence.
» Pour confacrer le Grand-Prêtre , dit-il, c’eft-à-dire , pour l’initier au
» Taurobole , on faifoit une grande foffe, dans laquelle il entrait, pare d un
« habit extraordinaire, & portant une couronne d o r , avec une toge de foie,
•> ceinte à la manière des Sabins. Au-deffus de la foffe, il y avoit une efpece
» de plancher , dont les planches mal jointes laifloient plufieurs fentes j
„ outre cela, on les perçoit de plufieurs trous........O n amenoit enfuite un
» grand Taureau couronné de feftons, portant fur les épaules des bande-
j, lettes couvertes de fleurs , & ayant le front doré. O n égorgeôit Cette
n Victime, enforte que le fang couloit tout chaud, & à grands flots fur le
» plancher, qui étant criblé de trous , laifloit tomber dafts la fofTe comme
» une pluie de fang, que le Prêtre recevoit fur fa tête, fur fon corps & fur
« fes habits. Non content de cela, il renverfoit auffi la tete pour recevoir ce
» fang fur fon vifage ; il en faifoit tomber fur 1 une & fur 1 autre joue, fur
„ fes oreilles, fur fes lèvres, fur fes narines : il ouvrait même la bouche,
» pour en arrofer fa langue, & en avaler. Lorfque la Victime avoir rendu
» tout fon fang, on la retirait, & le Grand-Prêtre fortoit de la foffe. C étoit
» un fpeétacle horrible que de le voir ainfi la tête couverte de fang, la barbe
» chargé de grumeaux , & tous fes habits fouillés. Cependant lorfqu il p®*
» roiflbit, tout le monde le faluoit, &c l’adoroit même fans ofer en appro-
» cher, le regardant comme un homme purifié & fanctifié. “
Ceux qui avoient ainfi reçu le fang du Taurobole, portoient le plus longtemps
qu'ils pouvoient leurs habits ainfi fouillés, comme une marque feu-
fible de leur régénération.
C e n’étoit pas toujours pour les Particuliers que l’on offrait le Taurobole :
on en faifoit la cérémonie pour les Corps de V ille , pour des Provinces entières
, pour la profpérité de l’Empereur, &c. : quelquefois ces régénérations
étoient pour vingt ans ; quelquefois enfin l’Archigalle, ou le Grand-Pretre
de Cybèle , l’ordonnoit dans certaines occafions.
Ce Sacrifice de régénération n’exigeoit pas toujours qu’on immolât un Taureau
: la Viétime étoit quelquefois un Bélier ; alors il fe nommoit Crio-
lole : dans d’autres circonftances, c’étoit une Chèvre ; alors il portoit le
nom SÉgibole, ou OEgobole. Plufieurs Savans ne conviennent pas que cette
dernière Victime ait été employée dans cette efpèce de Sacrifices , & fou-
tiennent qu’il riy eut pour l’ordinaire que le Taureau , & quelquefois le
Bélier, lorfqu’on vouloit honorer Atys , Favori de Cybèle , à laquelle le
Taurobole étoit uniquement confacré. Il y a cependant des Auteurs qui ont
cru qu’il s’offrait auffi en l’honneur de Diane.
Il y avoit plufieurs autres Sacrifices, dont il ferait trop long & fans doute
inutile de parler. O n remarquera feulement, avant de finir cette Seétion, que
les Sacrifices étoient differens félon la qualité des perfonnes. Le Laboureur
immoloit un Boeuf ; le Berger, un Agneau ; le Chévrier, une Chèvre ; il y
en avoit qui n’offroient qu’un fimple gâteau ou de l’encens : le pauvre faifoit
fon Sacrifice en baifant fa main droite.
O n a repréfenté plufieurs de ces Sacrifices fur les Médailles : on y voit
fur des Autels, ou auprès, differens animaux qu’on immole, ou qu’on eft
prêt à immoler : quelquefois ce font des épies ou des fruits qui fervent
d’hofties ; d’autres fois ce font des liqueurs dont on fait des libations. O n
peut voir quelques-unes de ces repréfentations fur plufieurs de nos planches,
mais fur-tout à la X X '. nos. z\ . z $ . z 6 . z j . i8 . z<). 30, 31 .3 6. 3 8.3 9 .40.& a
la p lancheXXIe. nos. 1. z. 3 .4. &c. ; encore mieux dans les deux Vignetces
de la planche X I X ' . , où l’on trouve les Viétimes, les Sacrificateurs, les
Victimaires, les Chantres ou Muficiens &c. chacun avec les habits & les inftru-
mens de fon miniftère.
S e c t i o n I V.
D e s injlrumens dont on f e fervoit pour les Sacrifices.
Pour des Sacrifices tels que ceux dont nous venons de parler , il falloir de
plufieurs fortes d’inftrumens. Nous allons donner leurs noms, & montrer
f’ufave qu’on en faifoit. O n trouvera à la plandhe X V I I I '. quelle en étoit la
forme.
i° . Nous commençons par le Préféricule, Prafericulum : c étoit un vafe
de cuivre , ou de quelqu’autre métal, dont on fe fervoit pour offrir du vin
ou quelques autres liqueurs, & en faire des Libations aux Dieux. Les uns
avoient une anfe, comme on le peut voir au n°. 1. de la planche indiquée j
les autres étoient avec deux oreilles qui leur tenoient lieu d anfes, comme au
n°. z.
1°. Le Simpule, Simpulum ou Simpuvium , étoit un petit Vaifleau de
terre ou de métal, dans lequel on verfoit du vin du Prefericule pour faire
les premières effufions. nos. 3. & 4.
30. D ’autres petits vafes appelles Capides, Capula, Capedines, Capedun-
O o ij