
» 34 IN T R . A L A S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . C hap. V.
contraire , ont plus de rapport à l’Hiftoire qu’ù la Fable. C e n'eft pas qUe
IHiftoire ne nous allure egalement du culte que l’on a rendu aux unes &
aux autres ; mais , à cela près, tout eft fiétion dans les premières : ce font
de pures Fables, les unes plus ridicules que les autres. Perfonne n’ignore que
les Anciens, qui avoient jugé à propos de forger pour ces Dieux une origine
illuftre, de leur prêter les a étions les plus brillantes , & de leur compofer
une Hiftoire remplie d évènemens extraordinaires, leur ont en même temps
attribue des paillons , des vices & des actions fi infâmes, qu’ils l’emportoient
fur les hommes les plus méchans & les plus corrompus.
A l ’égard des Divinités de la fécondé clalfe , fi on ne leur a donné ni
fceptre, ni couronne , on ne leur a du moins attribué ni crimes , ni infamies.
Les Anciens fe font contentés de les perfonnifier fur la pierre, le bois
les métaux & autres matières, & de leur prêter de la réalité & de la vie eiî
les plaçant dans d’autres Êtres véritablement exiftans , dont ils formoient
félon leurs idées, les paffions ouies qualités : les unes furent identifiées avec
l’Être fuprême, dont plufieùrs reconnoiffoient toujours l’exiftence , & les
autres dans leurs D ieux tutélaires, ou dans leurs Empereurs, dans leurs Héros
& enfin dans des hommes & des femmes de diftinétion.
Aulfi lifons-nous fur les Médailles le nom de Providence, Providentiel
tantôt fans epxthetes ciiilinclives j £c alors on la regardoit comme cette admirable
& fecourable perfection , que quelques-uns plaçoient dans l’Être fou-
verainement parfait, mais que d’autres, & prefque tous, attribuoient à leurs
fauffes Divinités , a leurs Empereurs , ou à d’autres - hommes & femmes
illuftres. Tantôt ils ajoutoient a ce mot de Providence une épithète, ou un
autre terme qui marquort a qui 1 on devoir attribuer cette perfection fi louable
& fi intéreflante ; alors c’étoit, ou Providentiel Deorum, ou Opi divinez, h
Providence des D ie u x , ou le Jecours divin, qu’on faifoit graver fur les Médailles,
comme le fit Helvius-Pertinax, pour montrer que c’étoit à la Providence
& au fecours de fes Dieux qu’il fe. croyoit redevable de l’Empire :
quelquefois encore on gravoit pour légendes, Providentia Augujla, ou Au-
gufii, la Providence Augufte, ou de l ’Augufte ; ce qui prouvoit que c’étoic
a leurs Empereurs quils 1 attribuoient. O n faifoit la même chofe de prefque
toutes les Divinités de la fécondé clalfe. De-là Cette multitude de légendes
ou 1 on trouve tantôt Abundantia , Concordia , Félicitas , Lïbertas v F a x ,
Salus, &c. Augujla , & tantôt Abundantia, Concordia &c. Augufii ; tantôt
c eft Feecunditas, Pudicitia ; tout court ; tantôt c’eft Feecunditas, Pudicitia
Augujla, ou AuguflcE ; Virtus Augujla, ou Augu/li ; Virtus, Fides Augujla,
ou A u g u jli, Fides Exerutus ; Fides Mihtum ; Virtus F, cjuitum ■ Virtus Po-
puli Romani &c. ; ce qui fait voir que 1 on plaçoit ces vertus & ces qualités
indifféremment dans les Dieux ou dans les Hommes.
C e detail montre qu’on peut regarder ces fécondés Divinités comme liées
à l ’Hiftoire des Hommes , puifqu’on les plaçoit & qu’on les adoroit en eux,
& puifquon leur attribuoit ces vertus & ces qualités , tantôt avec vérité,
tantôt par flatterie ; mais prefque toujours à l’occafion de quelques faits, ou
de quelques évenemens ou elles avoient éclaté ou dû éclater.
Âpres ces Obfervations générales fur les Divinités de la fécondé clalfe,
on fe difpenfera d en faire des particulières fur chacune , & l ’on paffera à
1 explication de ce qui regarde ces Divinités, fur les Médailles, en fuivant
toujours l ’ordre alphabétique.
D E S T Y P E S D E S M É D A I L L E S .
S K O T JO K I.
D e l ’Abondance! SC de la Fertilité. H
13;
L ’Abondance, 1 Uberite, ou la Fertilité font trois mots à-peu-près fyno-
nymes.' S il y a quelque différence, elle confifte en ce que les deux dernières
produifent la première, l’Abondance étant le fruit de l’Ubérité & de la Fertilité.
A la vérité, l’Abondance peut régner dans les pays fort ftériles, parce
quelle y eft portée de ceux qui font fertiles.
Ces biens, 1 Abondance & la Fertilité, furent regardés, dans les premiers
temps , comme des dons précieux que le vrai Dieu nous procure, foit par
les productions de la terre, foit par tels autres moyens que fa Providence juge
à propos d’employer. Les Anciens inftituèrent des Signes, des Figures & des
Symboles, pour inviter les Peuples a des Fêtes accompagnées de facrinées,,
foit pour les lui demander, foit pour l’en remercier après les avoir reçus. Les
figures deftinées à ces annonces, étoient celles de la T erre, Mère de l’Abondance,
fous la forme d’une femme, qu’on adora depuis fous les noms d'Ifié-,
de Rbéa, de Cires, &c, Les Symboles qu’on avoit donnés à ces figures j pour
leur faire lignifier la Fertilité & l ’Abondance préfente ou future , écoient des
épies, des pavots, des feuillages , des paniers remplis de fruits & des cornes
d’Amàlthée ou d’Abondance, d’où fortoient toutes fortes de biens. Après
'que les pères eurent divinifé & purfomnifié les figures , les enfans firent la
même chofe des Symboles qu’ils adorèrent fous les titres d’Abondance' &
de Fertilité , ou d’Ubérité , & auxquels ils donnèrent des attributs fimples
&. naturels pour les faire connoître indépandemment de leurs noms j c’eft-à-
dire, des épiai, des fruits,’ des cornes d’abondance pleines de-Monnoies
dans l’attitude de les répandre fur les hommes.
C eft de la que la Numifmatique a pris la manière de repréfenter l’Abondance
, la Fertilité ou 1 Uberite, dont elle fait auffi une du deux Divinités.
Sur certaines Médaillés d Alexairdre-Sévère, la figure debout femblè tirer
1 Abondance dé fon foin ; fur d ’autres' de Caracallâ , elle-- tient une Comte
d abondance, dont elle diftribue les richeffes fous la forme de Monnoies :
quelques-unes de Trajan la repréifentent alfife fur un fiègé compofé de eprnes
d ’abondance, remplies de toutes fortes de biens. Il y. a une Médaille grecque,
frappee pour Antonin-Pie, qui montre l'Abondance>( Euthênia )• à demi
couchee , tenant un bouquet compofé dépics & de têtes de pavots, avec
une corne dabondance quelle a fur le bras : fa.robe eft chargée de toutes
fortes de-fruits. Un muid, dont il fort des épies & des pavots, fort auffi ordinairement
de fymbole, a cette première Divinité, qu’on reconnoîtra encore
aifement, fur les Médailles, aux épies, à la corne d’abondance, aux grains-,
aux fruits & aux Monnoies qu elle offre , &t qu’elle verfo généreufoment
fur les hommes.
LUberite ou la Fertilité,- Ubertas ou Uberitas, eft repréfontée debout,
avec les memes fymboles : elle tient deux cornes d’abondance, dont l’upje
eft renverfée ; d autres fois elle a une bourfo avec la corne d’abondanGe.
-très de ces fortes de Divinités fo n t, Abundantia, ou Ubertas , ou
. °jrlj as -dugujlo., ou Augujli ,■ ou Augujlorum ; l’Abondance ou l’U bé-
nté . Augufte, de 1 Augufte , ou des Auguftes. On les donne à la planche
X I I e. nos. 1. a . 3. 4. & y.
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