
Quand cetoit une Victoire de terre qui donnoit, ou qui rendoitla Liberté,
l i figure de la Vi&oire debout, près d’un trophée , & ayant l’Empereur
vi&orieax vis-à-vis d’elle , en formoit un autre emblème : fi c étoit par unc
Victoire de mer qu’on l’avoit reçue, la même Viétoire debout, fur un Vaifi.
Teau, avec une couronne de laurier dans chacune de fes mains, 1 annonçoit.
La joie que caufoit le recouvrement de la Liberté avoir pour fymbole un
Rameau , que l’on mettoit dans la main droite de la Déeffe affife, & qUj
tenoit une pique de la main gauche.
Les légendes des Médailles de la Liberté portent, Libertas Augufta,
Augufli, ou Auguflorum ; Libertas Rejhtuta ; Libertas Publica, &cc. La Liberté
Augufte , ou d’Augufte , ou de nos Auguftes ; la Liberté Rendue,
Reftituée , Recouvrée ; la Liberté Publique.
Nous trouvons, fur les Médailles, d’autres fymboles que les figures humaines
pour cara&érifer la Liberté. Un Bonnet entre deux poignards; eft
un fymbole allégorique qui annonce, fur ces Monumens, que c’eft par l’âf-
faflinat de Jules-Céfar , -que Brutus rendit la Liberté à la République ; mai»
il n’v a pas d’autres légendes fur ces pièces que l’époque de ce tragique événement,
E ID . M R 8
Nous donnons, à la planche X IV e. n°!. 9. 10. 11.' 12. 13. 14. 1 y. &
ï 6. deux têtes de la Déelfe Liberté ; une de fes figures avec le bonnet & la
baguette ; une autre alfife qui repréfente un Peuple, une Ville ou un Particulier
qui a reçu la Liberté & qui porte un rameau en ligne de joie ; un Empereur
qui accorde la Liberté à un Suppliant qui eft à fes pieds ; une Vi&oire de
Terre avec trophée, & une de Mer exprimée par un'Vaiffeau ; victoires qui
ont rendu ou procuré la Liberté ; enfin le bonnet entre deux poignards,
comme fymbole de la Liberté procurée par Brutus.
S e c t i o n X X I .
D e la Mémoire.
La Mémoire fut divinifée comme plufieurs autres facultés ou qualités de
l’homme, bonnes & heureufes : on la repréfenta fous la figure d une femme,
comme on la voit dans l’Apothéofe d’H omère, avec la Nature , l’Hiftoire,
la Poéfie, &c. Les Grecs l’adorèrent fous le nom de Mnémofyne ou de
Muémé. La Fable la fait femme de Jupiter & Mère des Mufes, dont elle
eft accompagnée dans la même Apothéofe.
Nous ne trouvons pas la Déelfe Mémoire, fur les Médailles, quoique plufieurs
portent pour légende , Memoria Augufla , ou Augujh Perpétua,
Memoria Félix , Memoriæ Æternce, Memorice Agrippince , Memoria divï
Conflanti', &c. Les Types de ces Médailles ne montrent ordinairement qu’un
Temple ou un Autel, avec des Aigles, un Lion, ou un char attele de mules,
ou quelques figures qui n’ont aucun rapport avec la Mémoire, confideree
comme une faculté de l’ame.
Toutes ces pièces ont été frappées après la mort des Princes ou Princelfes,
pour leurs Apothéofes ; c’eft-à-dire pour leurs confécrations, lorfqu’on les
élevoit au rang des Dieux. Le nom de Mémoire ne lignifie par-conléquent
rien autre chofe, fur ces revers, qu’une efpèce de déclaration par laquelle
on plaçoit leurs exploits, leurs a&ions, leurs vertus, & leurs beaux faits au
Temple de Mémoire : aufli ne donnerons-nous ici aucune de ces Médailles ;
S e c t i o n X X I I .
■ D e la Modération.
S’il y eut dans les Grands de l’Antiquité Païenne quelque chofe digne
d’être regardé comme divin, c’eft fans doute la Modération, cette qualité
fi rare & fi elfentielle à la véritable vertu. Il eft étonnant que des Peuples
adonnés à la fuperftition aient tardé aufli long-temps à la mettre au rang des
Divinités ; car il femble qu’on n’a commencé à lui décerner les honneurs
divins que du temps de Tibère. C e t Empereur cependant ne mit en pratique
cette admirable vertu qu’en une feule occafion ; je veux dire lorfqu’il
ne voulut jouir que trois fois des honneurs du triomphe, quoiqu’il eût le
droit de triompher fept fois. Aufli les Romains lui offrirent-ils un bouclier
fur lequel, au milieu d’une couronne de laurier, ils firent graver le bufte d’une
femme, avec l’air qui convient à la Modération ; autour de la tête eft une
efpèce de lymbe, ou de cercle rayonné, comme nous en mettons aux images
des Saints. L a legende porte, Moderationi; à la Modération, en fous entendant
, de Tibère , a qui l’on donnoit par là un éloge bien flatteur. Nous ne
trouvons aucune autre figure de cette Divinité fur les Médailles. O n peut
voir la repréfentation de celle-ci, à la planche X I V e. n°. 17.
S e c t i o n X X I I I .
D e la NobleJJè. . *
Soit que la Noblefle ait été envifagée cômmé une qualité de l’efprit ou du
coeur , foit qu’elle ait ete regardée comme venant du fang ou de la fortune,
il eft certain quelle a été déifiée : on la trouvé perfoflnifiée dé deux manières,
fur quelques Médailles.
O n l’y trouve i°. fous la figure i'Anubis , Divinité Egyptienne, dont
nous avons parlé au commencement du premier Article de t:e Chapitre.
Elle a la tête d’un Chien fur le corps d’un Homme, & porte,un fiftre dans
la main droite & un fçeptre dans la gauche. O n ne voit pas-quelle relation
cbtteforme peutavoir avec la Nobieflé, à moins qu’on n’ait voulu faite honn
eu r ! la Noblefle, en lui prêtant la reflemblance d’Anubis regardé authentiquement
comme un Dieu. La M édaille, qui eft de l’Empereur Commode,
porte pour légende, Nobditas AuguJH ; la Noblefle de 1 Augufte bu.de
l ’Empereur.
Le fécond Type que nous avons de la Noblefle', fe trouve fur un des
revers de Géta : elle y eft fous la forme d’une femme debout qui tient fine
pique de la main droite, & porte fur la gauche une petite figuré',' qiton
croit être celle de Minerve, & qui pourrait bien être aufli la figure de quelques
Ancêtres de ce Prince 3 car il faut remarquer que , chez les Romains,
on prouvoit fa Noblefle en montrant la fuite des images & des tableaux de
fes Ancêtres. La légende porte ici le nom de la Noblefle feulement 3 Nobi-
litas. Ces deux revers font à la planche X I V e. n°,. 18. & 19-